Que s’est-il passé lors du mois de juin 2009 en Iran ? Pourquoi, alors que la présidentielle de 2005 avait porté Mahmoud Ahmadinejad au pouvoir sans que les Iraniens protestent, ceux-ci descendent-ils dans la rue quatre ans plus tard, au lendemain même de sa réélection le 12 juin 2009 ?Quelles sont les caractéristiques du mouvement contestataire déclenché à la suite de cette élection présidentielle ? Qui sont ces jeunes qui scandent : « Où est mon vote, Moussavi ? » en arborant la couleur verte, symbole de Mir Hossein Moussavi, candidat floué prônant un islam rationnel, tolérant, démocratique et ouvert sur le monde ? La fraude électorale a toujours existé en Iran, mais pourquoi les derniers résultats ont-ils provoqué une profonde crise institutionnelle, qui a déplacé le champ politique dans la rue ? Phénomène inédit au cours des trente ans d’existence de la République islamique, l’ampleur des manifestations qui se sont déroulées entre le 13 juin et le 18 juin 2009, rassemblant deux à trois millions d’Iraniens à Téhéran et dans les grandes villes, permet-elle d’envisager l’émergence d’un État de droit incompatible avec l’oligarchie religieuse dominante ? Quels sont les profils socio-économiques de cette jeunesse qui défie l’ultraconservatisme renforcé par le populisme et le nationalisme d’Ahmadinejad ? Ces manifestations sont-elles les prémices de la désacralisation du pouvoir islamique ? Peut-on craindre un affrontement avec les institutions religieuses se réclamant du droit divin ?
C’est à ces questions que tente de répondre Nader Vahabi, tout d’abord en contextualisant les enjeux de l’élection présidentielle du 12 juin 2009, puis en positionnant le régime actuel face aux évolutions de la société iranienne, en particulier face à une jeunesse qui porte les premiers germes d’un Iran démocratique. Dans une dernière partie, l’auteur cherche, enfin, à définir les obstacles structurels qui freinent l’aventure de cette jeunesse.
Auteur
Nader Vahabi
Centre d’études sur la diaspora iranienne (France)
Commentaires
Je suis un vulgarisateur de questions touchant les musulmans, individus ou États, plus que l’islam (echosdumondemusulman.net). Par ailleurs, « universitairement », ma compétence est en démographie politique.
Une évolution classique des régimes « mauvais » mais solide est de suivre le renouvellement des générations : on ne peut « faire partir les anciens », mais le pays bouge lors des successions, voire du fait des héritiers (Gorbatchev) qui n\’ont pas le même vécu que leur prédécesseurs. C’est une analyse optimiste à long terme, mais pessimiste pour les acteurs d’aujourd’hui.
L’optimisme à plus court terme (l’implosion du régime) suppose son »lâchage » par sa propre organisation, ce qui suppose qu’elle soit composée de « jeunes » (ou de leurs parents sympathisants). Il faudrait donc avoir une idée de la démographie sociale de la « troika » et de sa pyramide des âges …
merci pour cet article complet, précis et actuel, mais peut-être la conclusion mérite davantage une regard plus profond , par exemple imaginations de plusieurs autres scénarios possibles. Merci et bon courage.