Avec son Laboratoire de la République, Jean-Michel Blanquer veut s’adresser aux nouvelles générations

Bernard Gorce | 14 octobre 2021

L’homme politique, et non le ministre, a réuni mercredi soir 13 octobre 200 personnes, élus intellectuels et militants, pour lancer une instance de réflexion et d’action. Son objectif : défendre l’idée républicaine, avec l’intention de peser dans la présidentielle.

La question identitaire, phénomène Zemmour aidant, domine cette période de précampagne électorale. Le sujet sera-t-il un réel enjeu de la présidentielle ? Les avis divergent, au sein même de la majorité. « Je n’ai jamais été persuadé que l’identité culturelle était la principale préoccupation des Français. La grande question qui les intéresse, c’est l’économique et le social », confiait le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin fin septembre dans LeFigaro.

Jean-Michel Blanquer est convaincu du contraire. L’homme politique, et non le ministre, comme il prend soin de le préciser, a réuni mercredi soir 13 octobre 200 personnes pour lancer son Laboratoire de la République. Alors que la poussée des discours d’extrême droite et d’extrême gauche cherche, assure-t-il, la « fragmentation de la société », l’enjeu du club de réflexion est, dans la perspective de l’élection présidentielle d’avril 2022, d’engager les défenseurs des valeurs républicaines dans « la bataille des idées ».

Jean-Michel Blanquer promet à la fois un « travail conceptuel » pour réaffirmer la pertinence du projet républicain et un « débat digne » qui évitera « l’invective, la caricature ». Pour s’atteler à la tâche, le ministre a fait appel à des élus, universitaires, intellectuels, chefs d’entreprise et militants associatifs.

Élisabeth Badinter, Laurence Parisot

Dans le grand salon de La maison de l’Amérique latine, mercredi soir, se trouvaient des personnalités qui ont mené l’offensive laïque face à la menace islamiste, comme la philosophe Élisabeth Badinter, le journaliste Philippe Val, et l’islamologue Gilles Keppel. Plusieurs dizaines d’élus étaient là dont François Patriat, sénateur ex-socialiste et chef de file de la minorité macroniste au Sénat. C’est la député européenne LREM Ilana Cicurel qui sera secrétaire générale de l’association.

Côté militants, Le printemps républicain et la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) sont partie prenante de l’aventure, ainsi qu’une association féministe Jamais sans elles, fondée par l’ancienne présidente du Medef Laurence Parisot. C’est la directrice de cette association Natacha Quester-Séméon qui prendra, avec l’étudiant Pierre Valentin, la tête du pôle jeunesse du laboratoire.

S’adresser aux nouvelles générations

Car l’enjeu de l’offensive Blanquer est d’abord de s’adresser aux nouvelles générations, particulièrement sensibles à « l’idéologie woke » venue des campus américains. Ce courant de la gauche culturelle américaine qui exacerbe les appartenances identitaires, de race ou de genre, a pris pour cible l’universalisme républicain, accusé de maintenir les inégalités réelles.

« Le monde anglo-saxon a les yeux rivés sur nous, pour voir si l’on va trouver le vaccin contre le wokisme », alerte Pierre Valentin, auteur d’une récente étude sur ce courant publiée par le club de réflexion libéral la Fondation pour l’innovation politique.

Le Laboratoire de la République doit maintenant s’organiser. Il s’agit concrètement de lever des fonds et d’inciter les sympathisants à s’engager dans l’un des quatre champs que Jean Michel Blanquer compte investir : académique, médiatique, culturel et enfin politique.

Lire l’article sur la-croix.com.

Pierre Valentin, L’idéologie woke. Anatomie du wokisme (1), (Fondation pour l’innovation politique, juillet 2021).

Pierre Valentin, L’idéologie woke. Face au wokisme (2), (Fondation pour l’innovation politique, juillet 2021).

Commentaires (0)
Commenter

Aucun commentaire.