Dominique Reynié aux côtés des chefs d’entreprise
B.-H. Saint Paul, Dominique Reynié | 03 octobre 2022
La crise sanitaire Covid avait pénalisé depuis deux ans les activités de l’association Ouest Aveyron Entreprises de Decazeville que préside Stéphane Mazars, patron de la société STS, et qui comprends des chefs d’entreprise adhérents.
C’est donc avec un plaisir non dissimulé près de cinquante personnes se sont retrouvées jeudi soir à l’amphithéâtre du château de Bournazel pour accueillir le célèbre politologue originaire de l’Aveyron Dominique Reynié.
Né à Rodez, Dominique Reynié est professeur à Science Po Paris ; dirige le think tank Fondapol et participe à plusieurs médias télés et radios en tant que chroniqueur.
Venu en tant que voisin castonétois, Dominque Reynié est intervenu devant le parterre de chef d’entreprises sur le thème économique de la transformation en espérant « leur être utile ».
Quel est le thème de votre conférence ?
Les transformations à l’oeuvre. Il s’agit d’essayer de définir et repérer les changements profonds en France, mais aussi à l’échelle de l’Europe et du monde. Cela paraît très vaste, mais c’est une bonne question qui est posée. Essayer de mettre sinon de logique, du moins de clarté dans ces grandes transformations, avec des pertes de repères et un bouleversement de nos vies. Pour quelques-uns, c’est une aubaine car ils arrivent à en tirer profit. Pour beaucoup, c’est une source d’inquiétudes et de perplexité, voire de difficultés.
Vous apportez des pistes ?
Quand il y a des risques, il y a des opportunités. C’est une réalité. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il me semble que la situation cela peut paraître paradoxal- est plus favorable qu’avant. Car c’est une prise de conscience, un nouveau point de départ. Beaucoup de dirigeants, citoyens, chefs d’entreprise comprennent qu’il faut réviser son jugement, changer de logiciel. Si l’issue est heureuse, cela peut-être un point de départ. Nous allons rentrer dans une période difficile mais cela peut être un point de départ.
Les mesures annoncées et la réforme des retraites sont-elles opportunes ?
Je défends l’idée d’un nécessaire réarmement général, c’est-à-dire que nous devons tous, y compris le chef de l’Etat et le gouvernement, mettre l’accent sur ce qui peut fortifier le pays, renforcer la puissance publique dans sa capacité à venir soutenir les efforts des citoyens dans leur vie, des acteurs économiques et sociaux, mais aussi la défense nationale, la recherche. On s’est laissés aller, on le voit sur le plan de l’énergie où tout le monde a été d’une très grande naïveté en Europe. Sur la réforme des retraites, cela peut être une opportunité car si elle est jugée nécessaire et source d’une économie significative, si elle est jugée nécessaire pour transmettre aux générations futures un système de solidarité qui pourrait être menacé si on ne le modifie pas en ce sens. Cela peut être un acte fort, y compris dans sa dimension relativement impopulaire.
Quelles mesures selon vous seraient à prendre ?
Nous sommes très en deçà de ce que nous devrions faire sur le plan de la souveraineté alimentaire, en matière de politique agricole cela me semble essentiel. Sur le plan des recherches en biotechnologies on a perdu beaucoup de terrain, nous étions très forts, nous sommes désormais très distancés par nos concurrents y compris en Europe. Il faut reprendre la main car c’est un sujet très stratégique. Sur le plan des supercalculateurs et de l’intelligence artificielle, on a commencé des choses, il faut être puissant. Sur le plan du nucléaire, on a un peu laissé tomber et on rame pour reprendre ce qui a été abandonné, essayer de refaire ce qui a été cassé. C’est compliqué. Il faut qu’en une décennie le pays se remette sur les rails pour ne pas décrocher d’une nouvelle compétition mondiale qui est en train de naître.
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