Une semaine comme une vraie-fausse libération : joie de sortir à toute heure de chez soi sans autorisations, de retrouver parents et amis, d’entendre parler de la réouverture des plages, des forêts et de la possibilité de partir en vacances l’été prochain.
Joie mais pas d’emballement non plus, certains évoquant même le « syndrome de la cabane », ou la difficulté de retrouver le monde extérieur après ces mois de cocon familial, de silence dans les villes et de nature libérée, avec la menace d’un virus toujours circulant, la peur de la « 2e vague» et la crise économique qu’on nous annonce durable…sans oublier ces cafés, restaurants, cinémas, théâtres aux portes toujours closes.
Des trains qui circulent de nouveau, mais avec un siège sur deux seulement, et interdiction pour quiconque de dépasser les 100km. Une France en liberté contrôlée et son obsession des attestations », avec des salariés contraints de disposer d’un certificat de leur employeur pour prendre les transports aux heures de pointe.
Dans le métro, dans les rues : des visages masqués, au sourire invisible, qui donnent à tous les lieux des airs de bloc opératoires. Sans oublier le retour au bureau, étrange et familier, entre effectifs réduits, consignes sanitaires et absence de calendrier stable.
Tout a changé, mais rien n’a changé en France, une France remarquée dans le monde entier pour ses colères sociales, ses polémiques, ses débats, sur le montant de la prime des soignants, sur l’ISF, sur les vaccins de Sanofi, débats sur un pouvoir jugé trop vertical et infantilisant quand il gère la crise par décrets, mais trop horizontal quand il laisse les collectivités locales décider de la réouverture des écoles. Colères françaises des gilets jaunes et de certains syndicats appelant à reprendre la lutte, jeu politique reprenant ses droits, à deux ans de l’élection présidentielle. Avec quels nouveaux logiciels, à droite, à gauche et à l’Elysée ? Cette semaine, le Président en visite dans un hôpital parisien reconnaissait avoir commis une erreur, annonçant une concertation immédiate avant d’investir massivement dans le système public de santé.
Le déconfinement, semblable à une vague qui en se retirant laisse apparaître en France et dans le reste du monde les forces et les faiblesses des Etats :
L’Allemagne perçue de l’extérieur plus que jamais sûre d’elle après sa bonne gestion du covid, mais en réalité tiraillée entre ses intérêts nationaux et son identité européenne à l’image du clivage cette semaine entre la cour constitutionnelle de Karlsruhe et la Banque centrale européenne.
L’Amérique chaos debout après le tsunami covid, des chiffres vertigineux de morts et de chômeurs, et une société toujours coupée en 2, entre pro et anti Trump, à 6 mois du vote.
La Chine de Xi Jinping enfin, polarisant plus que jamais le débat mondial : parce que de là bas est parti le mal, mais de là bas aussi arrivent le tracking et autre contrôle social. Bref, une planète en voie de déconfinement, n’en finissant plus de se demander ce qui va rester du monde d’avant dans le monde d’après.
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