«L’extravagance des maires écologistes qui veulent rééduquer les Français»

Brice Couturier | 11 septembre 2020

FIGAROVOX/TRIBUNE – Le bêtisier des maires Europe Écologie-Les Verts (EELV) s’enrichit chaque jour. Il est vain, de la part d’Emmanuel Macron, de prétendre les séduire, argumente le journaliste et essayiste.

«Le Tour de France continue à véhiculer une image machiste du sport. (…) Il n’est pas écoresponsable. Combien de véhicules à moteur thermique circulent pour faire courir ces coureurs à vélo ? Combien de déchets engendrés ?» (Grégory Doucet, maire Europe Écologie-Les Verts de Lyon).

«Les gendarmes français qui ont obéi aux ordres de leurs supérieurs en mettant en œuvre la rafle du Vel’ d’Hiv’sont les ancêtres de ceux qui, aujourd’hui, traquent les migrants, les sans-papiers.» (Patrick Chaimovitch, maire EELV de Colombes).

«Ne pas avoir de mari, ça m’expose plutôt à ne pas être violée, ne pas être tuée, ne pas être tabassée.» (Alice Coffin, élue EELV à la mairie de Paris).

«La 5G, c’est pour regarder du porno sur votre téléphone, même quand vous êtes dans l’ascenseur.» (ÉricPiolle, maire EELV de Grenoble).

Plus d’arbre de Noël, à Bordeaux, pour son maire, Pierre Humic (EELV) : «Nous ne mettrons pas des arbres morts sur les places de la ville. C’est pas du tout notre conception de la végétalisation. Fin 2020, nous adopterons la charte des droits de l’arbre.»

Le bêtisier des nouveaux élus écologistes s’enrichit chaque jour d’une couche supplémentaire. Et n’incriminez pas des bévues de néophytes, encore peu rodés à l’exercice de la communication politique. Notre drame, c’est qu’ils pensent ce qu’ils disent. Toute une mouvance, ultra minoritaire dans l’opinion, mais terriblement puissante dans l’université et les médias, est, comme eux, convaincue qu’il faut interdire les manifestations populaires «genrées» et imposer «l’écriture inclusive» ; que les forces de l’ordre sont contaminées par le «racisme systémique», au nom duquel déclarer qu’on est antiraciste est la preuve manifeste qu’on l’est bel et bien ; que la masculinité est «toxique» et l’hétérosexualité suspecte ; que le progrès technique est non seulement inutile, mais néfaste ; qu’il faut déconstruire notre histoire, tout entière coupable, déraciner nos coutumes et traditions. Nos écolos estiment que ni l’économie de marché, ni la démocratie ne sont aptes à mettre un terme à la dégradation, bien réelle, de notre environnement. L’écologisme à la française inculque la méfiance et la peur envers les progrès techniques qui améliorent et prolongent la vie des humains – vaccins, OGM, énergie nucléaire, 5G… Tournant le dos à l’optimisme des Lumières, qui avait constitué le socle intellectuel des forces de gauche, elle professe la régression tous azimuts. Alors que toute l’histoire de l’humanité est scandée par la découverte de nouvelles sources d’énergie, chaque fois plus efficaces- et moins émettrices de gaz à effet de serre! – les écologistes voudraient nous faire renoncer au nucléaire pour miser sur une version modernisée du moulin à vent, dévoreuse d’espaces. Rompant avec le programme progressiste et émancipateur, qui tend à ouvrir de nouveaux droits, à libérer les énergies et à élargir le champ des possibles, cette gauche triste a la passion de limiter, de contraindre, de censurer et d’interdire. Fondamentalement, nos écolos, à la différence des Grünen allemands, estiment que ni l’économie de marché, ni la démocratie ne sont aptes à mettre un terme à la dégradation, bien réelle, de notre environnement. C’est pourquoi beaucoup d’adversaires de toujours du capitalisme et de la «démocratie bourgeoise» les ont rejoints. Mais ce sont les régimes communistes qui portent la responsabilité des pires désastres environnement aux du XX e siècle – de la quasi-disparition de la mer d’Aral aux morts de Tchernobyl, en passant par les petites fonderies d’acier hyper polluantes du «Grand bond en avant» chinois… Ils rêvent d’une forme de despotisme éclairé dont ils seraient les guides tout-puissants et se contentent, pour l’instant, d’une entreprise de rééducation de la population qui passe par des médias complaisants. Certes, EELV est arrivé en troisième position, avec 13,48 % des voix, aux élections européennes de l’an dernier. Cette progression témoignait déjà d’une redistribution des suffrages au sein de la gauche : La France insoumise et ce qui reste du PS culminaient péniblement aux alentours de 6 % chacun. La conquête de 8 villes de plus de 100 000 habitants (sur 42) a créé, aux municipales, l’illusion d’une «vague verte». Comme l’a montré la note de la Fondation pour l’innovation politique, «Tsunami dans un verre d’eau», les deux traits caractéristiques de cette élection n’ont pas tant été la poussée des écologistes, qu’un niveau d’abstention sans précédent dans ce type d’élection dont il fausse le résultat (55,3 % au premier tour, 58,4 % au second) et un simple redéploiement du vote de gauche en direction d’EELV. Dans les villes petites et moyennes, les résultats des écologistes sont loin de conforter la chimère d’une «vague verte». L’écologisme et le progressisme ne sont pas compatibles. Emmanuel Macron semble éprouver quelque difficulté à retrouver le fil conducteur de son quinquennat : ni les «gilets jaunes», ni le Covid-19 n’avaient été prévus. Il a cru répondre aux critiques portant sur son «jupitérisme» par une expérience de «démocratie participative», la Convention citoyenne sur le climat. Noyautée par des militants, elle a débouché sur des prescriptions sans grand intérêt.

Signe des temps, Édouard Philippe est devenu l’homme politique le plus populaire du pays, devançant l’inamovible Nicolas Hulot. Le pragmatique gestionnaire de l’épidémie, malgré les flottements initiaux de son gouvernement, dépasse le télégénique explorateur d’«Ushuaïa». Ce n’est pas en passant de nouveaux boulets aux pieds de notre appareil de production – l’un des moins polluants au monde – qu’Emmanuel Macron trouvera les réserves électorales qui lui manquent. L’écologisme et le progressisme ne sont pas compatibles. La gestion avisée de l’environnement est une affaire trop complexe pour être abandonnée à des idéologues loufoques. Elle réclame compétence et réalisme.

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