Présidentielle 2022, haine anti-Macron, candidat LR... Les indiscrétions du Figaro Magazine
Carl Meeus | 11 juin 2021
La Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) a publié sur son site le quatrième volet de son enquête 2022, le risque populiste en France. Un peu plus de 3 000 personnes ont été interrogées entre le 6 et le 12 avril 2021. Cette quatrième vague vient confirmer et amplifier les tendances des précédentes : le potentiel de protestation électorale augmente au fur et à mesure que l’on approche du scrutin présidentiel.
Ce sont désormais 78 % des Français interrogés qui envisagent de voter, au premier tour, pour une candidature populiste, d’extrême gauche, de s’abstenir ou de voter blanc. En 2017, l’addition de ces comportements électoraux à l’élection présidentielle représentait 60,9 % des électeurs. Ils n’étaient que 30,8 % en 2007. Autre élément inquiétant relevé par Dominique Reynié, le directeur général de la Fondapol : « L’idée d’un candidat qui ne viendrait d’aucun parti politique séduit majoritairement. » Parmi les Français interrogés, 55 % « pourraient voter » pour un tel candidat.
Enfin, dernier élément, dans une enquête foisonnante et passionnante, le rapport aux chaînes d’information. Contrairement à l’idée véhiculée par nombre d’observateurs et d’élus, ce ne sont pas elles qui contribuent à la droitisation des citoyens, mais plutôt la droitisation des citoyens qui conduit certaines d’entre elles à répondre à une demande d’informations totalement insatisfaite. 61 % des répondants ont en effet l’impression que les médias parlent de sujets qui ne les concernent pas ! 67 % des non ou peu diplômés, 64 % des ouvriers et 63 % chez les classes moyennes et 62 % des classes populaires.
C’était avant la gifle reçue par le président de la République mardi dernier à Tain. Cet ancien élu LR s’inquiétait du niveau de haine d’une partie des Français envers Emmanuel Macron. « Il y a une radicalisation de cette haine », constatait-il. On est sur la piste du tout sauf Sarkozy qu’on a connue dans les années 2010-2012. » Si elle n’atteint pas encore le même niveau qu’à l’époque de Nicolas Sarkozy, cet ancien ministre trouve aussi qu’elle n’est pas liée à la politique menée par Emmanuel Macron mais davantage à son comportement. Il n’est pas loin de penser comme Albert Camus dans La Chute : «L’air de la réussite, quand il est porté d’une certaine manière, rendrait un âne enragé ». Mais, du coup, fort de son expérience politique, cet élu met en garde le président de la République : « Il ne faudrait pas donner un contenu politique à la haine anti-Macron », en programmant, par exemple, à moins d’un an de l’élection présidentielle, une réforme des retraites qui mobiliserait fortement contre elle.
« Si vous ne bougez pas, vous allez avoir tous les jours des mecs de chez vous qui partiront acheter des cigarettes mais qui ne reviendront pas. » En prenant cet exemple imagé, ce sénateur centriste a essayé de faire comprendre à ses amis Républicains qu’ils avaient tout intérêt à régler rapidement leur problème de leadership s’ils ne voulaient pas voir certains de leurs membres partir pour les uns chez Emmanuel Macron et pour les autres chez Marine Le Pen. L’hémorragie est déjà importante, pas besoin de l’aggraver au lendemain des élections régionales.
Dans son idée, il faut que les LR accélèrent pour éviter l’éclatement. Optimiste, il veut croire que le message a été entendu et que « début juillet, des perspectives vont s’ouvrir », qui se concrétiseront à la rentrée. Faute de le faire, d’autres prendront des initiatives. Emmanuel Macron a déjà commencé. Édouard Philippe prépare sa rentrée politique avec ses amis. Dès le 27 juin, au soir du second tour des régionales, les grandes manœuvres en vue de la présidentielle commenceront.
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Dominique Reynié (dir.), 2022 le risque populiste en France (Fondation pour l’innovation politique, juin 2021).
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