Bordeaux: focus sur un territoire à l’ambition numérique assumée

Farid Gueham | 11 septembre 2015

bordeaux numériqueBordeaux: focus sur un territoire à l’ambition numérique assumée

Par Farid Gueham 

Une volonté politique affirmée et assumée de réussir la transition numérique du territoire.

Voilà près d’un an qu’Alain Juppé, président de la communauté urbaine de Bordeaux, réunissait les porteurs de la candidature de métropole aquitaine à la French Tech pour célébrer la labellisation du territoire. L’agglomération fait partie de la première vague de métropoles labellisées. En avril 2014, 500 chefs d’entreprise locaux soutenaient l’initiative, réunis à la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux. L’objectif de cette labellisation est d’identifier des écosystèmes dynamiques dans l’économie numérique en France, de les encourager à se mettre en réseau et de leur donner une visibilité à l’internationale. La Cité numérique de Bègles doit être le fer de lance de cet écosystème.

Pour le président de la communauté urbaine, la transformation numérique est étroitement liée à l’évolution et à la réforme des territoires, « il s’agit de transférer des compétences des communes vers la métropole mais aussi de mutualiser les services. L’objectif est double : la recherche de performance, mais aussi le maintien d’une proximité nécessaire, je pense à la démocratie participative. L’un des risques de la réforme est d’éloigner les centres de décisions des citoyens. Tous les outils numériques sont sur ce point, très importants. A Bordeaux, ils sont déclinés pour les conseils de quartiers les commissions permanentes, à travers l’utilisation de plateformes collaboratives » précise Alain Juppé. La transition numérique est aussi l’occasion de mutualiser les services de la métropole Bordeaux qui comptait 28 différentes directions de l’ex-communauté d’agglomération, de la direction des ressources humaines à celle des achats…

L’éducation numérique, l’autre priorité du territoire.

A Bordeaux, la totalité des classes élémentaires sont équipées de tableaux numériques. La diffusion de tablettes individuelles est en cours, en étroite collaboration entre la ville, l’Education Nationale, et l’entreprise Stantum, une société bordelaise fondée en 2002. Stantum a développé un service de «classe connectée » au cloud nommé « Elule » ainsi que d’une tablette tactile « Galago » qui a permis à l’entreprise d’être lauréate de l’Appel à Projet e-Education 2 des investissements d’avenir et d’équiper les écoles de l’agglomération bordelaise. Pour le Maire de Bordeaux, la tablette doit « simplifier la relation de l’enseignant et de l’élève ».

Plus qu’une dotation, la labellisation French Tech réveille les énergies du territoire.

L’appel à projet lancé par le gouvernement a donné lieu à une mobilisation sans précédent. Pour Axelle Lemaire, secrétaire d’état en charge du numérique, la French Tech est d’abord un mouvement qui part du terrain des entrepreneurs et des startups, ces jeunes entreprises caractérisées par une  forte croissance et un potentiel de création d’emplois qui doit être soutenu. Le label French Tech, c’est aussi un budget de 200 millions d’euros pour les accélérateurs, les investisseurs, les incubateurs. En revanche, il s’agit plus d’un investissement que d’une subvention : la démarche s’associe à un accompagnement public des territoires et des entrepreneurs. Une recette qui fonctionne puisque les entrepreneurs aspirent à plus de valorisation de leurs initiatives jeunes, trop souvent éclipsées par les grands groupes. Les startups aspirent à devenir des « scale-ups », des PME autonomes et viables.

Au-delà du label, la mutation numérique se veut un vecteur de croissance durable pour le territoire.

La métropole aquitaine s’est clairement engagée dans la préparation de la COP21 qui se tiendra à Paris au mois de décembre.  Une croissance qui, pour le Maire de Bordeaux, va de pair avec une responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Les 27, 28 et 29 janvier 2015, Bordeaux organisait les assises de l’énergie, et les réseaux intelligents seront un outil majeur pour participer à l’économie et au développement de l’énergie. Au mois d’octobre, c’est la question des mobilités connectées et intelligentes qui sera au cœur des échanges, lors du grand congrès ITS.

Anciennement considérée comme un secteur annexe, la  filière numérique en Aquitaine est aujourd’hui un des moteurs de l’économie locale.

Un des visages de ce changement, c’est l’entreprise ConcoursMania : depuis 19 ans, cette entreprise Bordelaise est passée de 10 à 100 employés. Julien Parrou directeur de l’entreprise est conscient des opportunités qui sont clairement liées aux nouvelles dynamiques du territoire « aujourd’hui une entreprise qui se crée a déjà la possibilité d’avoir des fonds, mais c’est après cette première phase pour lever des fonds plus important pour le capital développement que c’est le plus dur, et c’est là que le label French Tech nous aide». Pour Agnès Grangé, déléguée régionale de la poste et conseillère technique pour la CCI de Bordeaux, « plus de 7000 entreprises portent les emplois du numérique,  beaucoup ont moins de 10 employés et un bel avenir en terme de croissance ».

La filière numérique en Aquitaine est créatrice d’emploi durable :

Il y a moins d’une dizaine d’années, lorsque l’on pensait à l’emploi en Aquitaine, des images d’Epinal venaient immédiatement parasiter la réalité économique : on pense bien sûr à la filière bois qui regroupe 15 000 emplois, à la filière aéronautique avec 27000 emplois et bien entendu à la filière vin/agroalimentaire qui compte près de 30 000 emplois. Mais la filière numérique n’est plus à la traîne avec ses 22000 emplois et son potentiel de croissance marqué. Et si les filières de formation au numérique sont encore peu connues en Aquitaine, la qualité est au rendez-vous : on compte près de 143 formations au numérique, publiques et privées dans la région selon l’Agence Aquitaine du Numérique. Pas de fuite des cerveaux en vue pour une région qui inspire et qui attire toujours plus : selon le palmarès de l’institut Great Place to Work, Bordeaux reste l’une des villes les plus séduisantes pour travailler et 39% des salariés estiment que la ville aquitaine est même optimale.

 Pour aller plus loin:

– Pleins feux sur 10 startups aquitaines et La folie Big Data – juillet-août [n°42] 27/07/2012 par Suzanne GALY.

– La ville numérique va nous faciliter la vie – janvier/février 2012 [n°39] 04/01/2012 par Suzanne GALY

– Portail de Bordeaux, Cité Digitale.

– Site internet « Bordeaux, Cité Numérique ».

crédit photo : SuperCar-RoadTrip.fr

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