Il faut s’occuper des hommes
01 août 2018
Lucien Kemkeng, 2017-2022. Il est urgent d’agir, préface de Rama Yade.
À la veille des élections présidentielles de 2017, Lucien Kemkeng se donne comme ambition d’insuffler de nouvelles idées dans le débat politique. Président du Cercle de la diversité, l’auteur porte cette conviction que la diversité est une condition du redressement du pays. Il ne s’agit pas seulement de célébrer la différence mais de valoriser et d’encourager les talents et les parcours originaux et atypiques. L’éducation et la formation professionnelle sont donc au cœur de ses propositions pour mobiliser chaque citoyen, en particulier les jeunes et les habitants des quartiers populaires, à s’engager activement dans la vie sociale et politique.
Face à l’impotence du système politique actuel, Lucien Kemkeng parie sur la société civile et les élus locaux pour réenchanter la politique autour de la lutte contre les discriminations, pour la défense de l’Europe et pour une révolution dans les relations entre la France et l’Afrique.
Français d’origine camerounaise, Lucien Kemkeng est un farouche partisan de la diversité. Depuis de nombreuses années, il a fait de la lutte contre les discriminations son principal cheval de bataille. Sans céder aux sirènes du communautarisme, l’auteur pointe des discriminations à tous les étages dans la société française, de l’école à l’embauche. Pour l’auteur, les préjugés à l’égard des immigrés sont symptomatiques d’une rupture entre les politiques et les masses populaires. Pour répondre à ces problèmes, Lucien Kemkeng propose un vaste plan de lutte contre les discriminations et une campagne de sensibilisation des élus et des recruteurs à la diversité.
Lucien Kemkeng propose de responsabiliser les acteurs de terrain (communes et collectivités territoriales) en leur octroyant des compétences supplémentaires dans les domaines de la vie quotidienne : emploi, éducation, sécurité, jeunesse, etc. Le rôle de l’État n’est pas de s’immiscer dans la vie de chacun mais bien d’accompagner les communes et les maires, plus proches des citoyens et donc plus à même de comprendre leurs préoccupations quotidiennes. Les premières propositions de Lucien Kemkeng pour renouveler le politique consistent donc à miser sur les élus locaux et à déléguer aux communes les compétences et les moyens dans les domaines de l’emploi, du social et de la sécurité.
Le nerf du développement et de la croissance, c’est l’éducation et la formation. L’auteur fait le constat qu’en France, malgré les milliards investis par l’Éducation nationale (premier budget de l’État avec 146 milliards d’euros par an), les inégalités continuent à se creuser et, selon un rapport du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) paru en 2016, l’école amplifierait même les inégalités [1] ! L’auteur ne désespère pas pour autant. Il propose de piocher des idées à l’étranger et de généraliser les expériences innovantes qui font le pari de la proximité et du suivi individuel. Encore une fois, il s’agit de décentraliser le système éducatif et de responsabiliser enseignants, parents et associations éducatives.
L’auteur part du postulat que tout le monde peut réussir ses études. Le système éducatif français, très rigide et peu adapté aux profils atypiques, n’a pas permis le développement ni l’épanouissement d’élèves aux qualités et caractères différents. Faute de remise en cause du système, certains élèves ont été envoyés vers des filières professionnelles et techniques dès lors qu’ils n’entraient pas dans le moule des établissements scolaires. Loin de dénigrer ces filières, l’auteur cherche justement à les valoriser. Mais une telle valorisation des formations plus courtes et plus professionnalisantes passe nécessairement par un travail de fond sur l’orientation et l’insertion professionnelle. Quelles qu’elles soient, les études doivent être le fruit d’un véritable choix.
Lucien Kemkeng accorde une place importante à la refondation européenne. Alors qu’une majorité de Français et d’Européens est favorable aux grands projets européens (défense, politique énergétique commune, etc.), la construction de l’Europe pâtit d’un déficit de légitimité démocratique. Perçu comme une gigantesque machine administrative (alors qu’il y a moins de fonctionnaires à Bruxelles qu’il n’y en a à la Ville de Paris), son fonctionnement complexe donne une impression de lenteur et d’inefficacité. Il convient donc d’entreprendre une vaste entreprise d’information sur l’Union européenne, première étape de la constitution d’une véritable culture et d’une véritable identité européennes.
Né et élevé au Cameroun, l’auteur entretient une relation très forte avec le reste du continent. Très engagé pour le développement de l’Afrique, Lucien Kemkeng prône un renouvellement complet des relations entre la France et son continent d’origine. Prenant acte du retard pris par l’Afrique sur le plan politique, économique et social, et de la décolonisation ratée des anciennes colonies de la puissance impériale française, l’auteur invite à repenser la collaboration euro-africaine. Continent jeune et plein de ressources, l’Afrique est appelée à devenir un partenaire privilégié de l’Europe, pour des raisons économiques évidentes mais aussi au regard des questions migratoires et sécuritaires. L’auteur propose donc un vaste plan européen de développement pour l’Afrique, qui bénéficiera directement aux ONG et à la société civile.
[1]. Voir dossier complet sur le sujet sur le site du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), « Inégalités sociales et migratoires : comment l’école les amplifie ? » (www.cnesco.fr/fr/inegalites-sociales-et-migratoires-comment-lecole-les-amplifie/)
Par Joseph de Reboul
Photo by Eneida Hoti on Unsplash
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