“Le jour d’après” : Saint-Simon 2.0 au pouvoir ?
Christophe de Voogd | 15 avril 2020
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Hanna Morris
L’idée – exposée dans ces colonnes dès juin 2017 – que la doctrine saint-simonienne est la vraie source d’inspiration d’Emmanuel Macron a été confortée par les débuts du quinquennat. Travail, Progrès, Circulation, Réseaux, Science, Industrie (comprendre l’ensemble des forces productives), autant de thèmes saint-simoniens que l’on retrouve au cœur de la pensée et de l’action du président de la République. Le comte de Saint-Simon (1760-1825) mettait d’ailleurs au sommet de sa hiérarchie économique la Banque de France, et de sa hiérarchie sociale et politique, les «banquiers, chefs de file des Producteurs». Loin de voir la moindre rupture entre l’Inspection des Finances, la Banque Rothschild et la consécration politique, il aurait salué une trajectoire cohérente, centrée sur la «capacité» financière. Mobilité déjà illustrée par les grands saint-simoniens du XIXe siècle: Hyppolyte Carnot, Michel Chevalier ou les frères Pereire.
Mais la dramatique crise actuelle est en train de reposer la question de la nature du macronisme sous un autre jour: comment comprendre la rupture annoncée par le président lui-même entre «le jour d’après et les jours d’avant»? Comment interpréter le passage de l’adaptation au «nouveau monde globalisé» à l’exigence d’une «souveraineté» retrouvée?
L’on soutiendra ici que ce changement de vocabulaire ne remet pas en cause le projet fondamental du président et encore moins l’habitus saint-simonien de la technostructure française: habitus contracté d’abord à Polytechnique, premier vivier de la doctrine, puis à l’ENA (préfigurée dès 1848 par Carnot), où les idées d’intérêt général, de planification et d’organisation ont eu la fortune que l’on sait.
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Christophe de Voogd
Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé et docteur en histoire, spécialiste de rhétorique politique, Christophe de Voogd enseigne les idées et le discours politiques à Sciences Po. Il est notamment l’auteur de « Réformer : quel discours pour convaincre ? » (Fondapol, 2017)
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