Global Warming, Good News. De la guerre (froide) au réchauffement (de la planète)

La Manu, agence de développement des liens étudiants-entreprises, lance son magazine, intitulé La Manu, le mag. Dans ce premier numéro, Dominique Reynié, parrain de l’initiative depuis ses débuts, signe une chronique sur les changements du monde en cours. Qui n’entend pas les craquements du monde ? Voyez ces immenses blocs qui se fissurent, ces morceaux énormes qui s’en détachent, ces pans entiers de terre qui glissent et s’éloignent les uns des autres. La matière se dérobe. On annonce d’ailleurs l’épuisement de ces « matières premières » autour desquelles nous avons organisé nos sociétés.
L’esprit n’est pas épargné. Au rythme des glaces polaires, tout se met à fondre, des concepts, des principes, des idéologies et des institutions. Le monde devient plus chaud, liquéfiant les habitudes, les convictions. La confiance dans le progrès est devenue une fonction directe de la taille des glaciers. Rien de très rassurant, dit-on. Il faut s’en inquiéter, se mobiliser, pour préserver, conserver, restaurer. Quoi ? Le monde familier ? Bof.
Si nous suivions à la lettre les headlines de nos quotidiens, nous devrions prendre peur et d’autant plus qu’il est désormais impossible de fuir, car nul ne s’échappe d’une société globalisée. À lire bien des commentaires, au fil de ces news terribles, nous devrions courir dans tous les sens ou nous terrer pour longtemps. Pour toujours ? Dans cette culture, voire ce culte du catastrophisme, il n’y a pas de « nouvelles générations ». Il n’y a que « le dernier homme », presque le dernier des hommes, celui qui porte l’accablement.

Mais quelle torture que de vivre en redoutant ce qui advient ! Pour quelles raisons faudrait-il cesser d’aimer l’histoire et ne chérir que le passé ? À quel temps l’humanité n’a-t-elle pas eu à relever d’immenses défis ? Devons-nous redouter davantage l’avenir que ceux qui occupaient notre place en 1933 ? Aujourd’hui, la peur de l’avenir est moins le signe d’un danger palpable que le symptôme d’un essoufflement devant la nécessité, le devoir et aussi le désir de penser et d’agir autrement. La fatigue est un fait de la vie. Que ceux qui sont épuisés partent se reposer.
Car le monde n’est pas seulement fait de dangers, il est aussi plein de possibilités. Plus nous saurons repérer les possibles, moins il y aura de dangers. La dislocation est une chance. Elle libère de nouveaux passages, elle dégage de nouvelles voies. Par là, d’autres visages pointent leur nez, montent et filent, très heureux d’avoir trouvé porte ouverte – pour eux ou par eux. Mais l’arrivée des nouveaux ne saurait se limiter à des accommodements. Il ne s’agit pas de trouver une place, il s’agit de trouver sa place. Il ne s’agit pas d’une relève, comme sur le front, lorsque ceux qui sont usés ou ceux qui tombent sont remplacés aussitôt par des troupes plus fraîches, mais tout aussi inquiètes et obéissantes.
Il ne s’agit pas de conserver, il s’agit de créer.
Pour ces nouvelles générations, quoi de plus crucial que d’aborder : aborder un sujet, pour comprendre le monde ; aborder un navire, pour en prendre les commandes ; aborder une côte, pour la découvrir ; aborder quelqu’un, pour le connaître. Aborder l’université autant que l’entreprise. Ce sera différent. La menace s’efface devant l’avenir.

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