USA 2012 Economie - Les dépenses sociales dans la ligne de mire du candidat Romney (1/4)

Le 6 Novembre marquera le coup d’envoi des élections présidentielles américaines, qui opposeront le républicain Mitt Romney au président démocrate sortant Barack Obama. La Fondation pour l’innovation politique vous propose une courte série d’articles sur les programmes économiques des deux candidats en lice. Ce cycle s’organise autour de quatre thèmes : les dépenses sociales envisagées par les deux camps, la politique fiscale des entreprises et des particuliers qu’ils entendent mettre en œuvre, leurs propositions pour relancer l’emploi, et leurs projets de répartition des compétences économiques entre Etats fédérés et Etat fédéral.

1. Les dépenses sociales dans la ligne de mire du candidat Romney (1/4)

Un objectif pour les républicains : la diminution de 500 milliards de dollars par an du budget fédéral entre 2013 et 2016

Pour ramener le budget federal à 20 % du PIB américain, Mitt Romney a annoncé sur le site Internet de sa campagne : « As president,  [I]  will ask a simple question about every federal program : is it so important, so critical, that it is worth borrowing money from China to pay for it ?” *.  Pour cibler ces politiques improductives, il envisage de fonder sa présidence sur les méthodes du secteur privé et de réaliser des bilans « coûts-avantage » pour chaque projet.

Dans cette optique, il s’est engagé à présenter le jour de son investiture au Congrès une loi diminuant de 5 % tous les budgets non liés à la sécurité. Outre la baisse des dotations nationales pour les Arts et les Humanités ainsi que celles de la CPB (Corporation for public Broadcasting**), il prévoit de réduire les financements attribués aux programmes sociaux. Un projet en rupture totale avec celui d’Obama, qui promet notamment le doublement des bourses Pell***, l’établissement d’un crédit d’impôt collège, et le renforcement du système de santé national.

Deux projets sociaux diamétralement opposés

L’une des mesures phares du premier mandat d’Obama avait été la réforme du système d’assurance santé, qui mettait en place le fameux « mandat individuel », exigeant pour tout individu de souscrire une assurance santé personnelle minimale. Sur ce point, le projet d’Obama pour sa réélection s’inscrit dans la droite ligne de son bilan. A titre d’exemple, il promet l’élargissement de l’accès aux services gratuits de prévention comme le vaccin contre la grippe et les mammographies. Son dessein est une source de continuelle raillerie pour son adversaire, dont les déclarations ont inspiré ce commentaire de Clive Cook dans Bloomberg view (11/01/2012) : « Personne ne sera jamais élu président des Etats-Unis en promettant de les faire ressembler à la France ».

Mitt Romney prévoit, pour sa part, une réforme de Medicare**** qui serait transformé en «un système de subventions », c’est-à-dire en une aide financière que chaque senior pourrait utiliser pour contracter une assurance. S’ils choisissaient une assurance plus élevée, les patients auraient à payer eux-mêmes la différence. En revanche, en choisissant une assurance dont le coût serait moindre,  ils pourraient utiliser l’argent restant pour financer d’autres dépenses médicales. Il propose d’établir comme garde-fou l’obligation pour les assurances privées d’offrir une couverture au moins équivalente à celle de Medicare et promet que la situation des retraités actuels ou des personnes proches de la retraite ne sera pas modifiée.

Il prévoit aussi la suppression du  “ Title X Family Planning Program”, mis en place par Nixon en 1970, est destiné à remplir les missions attribuées en France aux planning familiaux et s’oriente spécifiquement vers les familles modestes. L’épargne réalisée grâce à sa suppression est évaluée par les républicains à 300 millions de dollars, et elle est justifiée par les bénéfices qu’en tireraient actuellement les associations pro-avortement.

Deux visions de l’investissement humanitaire international : réévaluation de l’aide aux pays en développement pour Romney, poursuite des efforts en matière de trafic d’êtres humains pour Obama

Le 27 Septembre dernier, lors du forum annuel de la Clinton Global Initiative, Mitt Romney a  déclaré souhaiter revoir les conditions d’attribution de l’aide étrangère américaine, en exigeant des pays récipiendaires qu’ils ouvrent leurs  marchés et encouragent la libre-entreprise. Il a proposé la mise en place d’un « pacte de prospérité »  fondé sur l’idée que « la liberté économique est la seule force de l’histoire qui ait continuellement aidé les gens à sortir de la pauvreté et les ait empêchés de retomber dans l’indigence ».

A quelques minutes d’intervalle, Barack Obama avait lui insisté sur l’action financière volontariste qui avait été la sienne dans la lutte contre le trafic d’êtres humains. Il avait souligné les efforts en terme d’augmentation des effectifs des corps expéditionnaires (comprenant notamment des agents du FBI) envoyés à l’étranger, et rappelé que les Etats-Unis « ne pouvaient pas demander aux autres pays de faire ce qu’[eux-mêmes] ne faisaient pas » en matière de protection des droits de l’homme. Enfin, il était revenu sur la nécessité d’accompagner sur le long terme les individus victimes de ces trafics à travers le Monde.

Notes :

* « En tant que Président, Mitt Romney se posera une question simple concernant chaque programme fédéral : [celui-ci] est-il si important, si critique, qu’il mérite qu’on emprunte de l’argent à la Chine pour le financer ? »

**Conseil  privé à  but non lucrative établi par le Congrès pour faciliter le développement des media publics.

*** Ces bourses sont attribuées sur critères sociaux à des étudiants, pour couvrir leurs frais d’inscription à l’Université, de logement et de nourriture

**** L’assurance maladie financée par l’Etat fédéral et destinée aux plus de 65 ans.

credit photos : Flickr SEIU International

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