Doit-on et peut-on mesurer la richesse d’un pays au-delà du seul PIB ? Après un engouement dans les années 1970, puis une désaffection dans les années 1980-1990, les études sur le bien-être sont de nouveau d’actualité. Il s’agit d’élaborer des indicateurs fondés tantôt sur la perception subjective des individus tantôt sur des paramètres objectifs permettant de comparer le développement relatif des pays en plus de la seule dimension économique.La promotion de l’individu dans les sociétés contemporaines soulève de nombreuses questions qui travaillent aussi bien les personnes que le corps social. C’est là une interrogation qui porte sur la nature du lien sociaĺ et sur ce qui peut unir une société d’individus. L’étude de Raphaël Wintrebert présente pour la France des résultats qui confortent l’idée que le bonheur est intimement́ lié à la qualité des relations sociales. En effet, si la richesse, la liberté́ et la sécurité sont estimées comme conditions nécessaires au bien-être des personnes, elles ne sont pas suffisantes. La solidarité et la dimension relationnelle restent fondamentales pour permettre à l’individu de s’inscrire dans une collectivité donnée, d’y trouver un sens, une place et un rôle. En 2007, 69 % des Français estimaient que la « fraternité » était menacée et 80 % que « l’égalité » s’était dégradée. Ces résultats illustrent une inquiétude pour les proches et pour l’avenir de la société, inquiétude qui affecte l’appréciation du bonheur. Remédier à ce « déficit » et permettre aux individus de renouer avec l’optimisme revient à restaurer la confiance dans la famille et les relations amicales, à reconnaître la participation active à̀ la vie sociale (associations…), nourrir le sentiment d’égalité/équité (revenus, sexes, éducation), ainsi que la tolérance vis-à-vis des autres et de leurs différences.
L’évaluation du bonheur rencontre encore certains problèmes de méthodologie. Il paraît ainsi plus fécond de se focaliser sur l’évaluation du bien-être pour un pays spécifique, en fonction de ses caractéristiques sociales, politiques et culturelles. A la suite du Royaume du Bhoutan, le Canada y consacre actuellement un vaste programme de recherche. Gageons que le sujet s’imposera en France d’ici peu.

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