Depuis ses débuts, la Fondation pour l’innovation politique explore l’idée de créer à Strasbourg l’Université de l’Europe. Cette décision serait aussi significative que le fut, à l’époque, celle d’y installer l’Assemblée européenne. C’est un projet concret, comme ceux que la Fondation aime encourager. Il touche trois domaines où l’innovation politique est, en Europe, d’une urgente nécessité : jeunesse, compétition mondiale et idéal de progrès.L’Europe n’a plus l’attractivité intellectuelle qu’on lui reconnaissait il n’y a pas si longtemps. Comme le dénonce cet appel lancé par Bronislaw Geremek, Jérôme Monod et Jean-Didier Vincent, elle semble avoir tourné le dos à sa jeunesse, sous-estimé ce qui fait aujourd’hui la différence dans la compétition mondiale – l’enseignement supérieur et la recherche – et renoncé à l’idéal de progrès qui l’animait jadis au profit de préoccupations économiques et institutionnelles. La création à Strasbourg, dans les locaux éminemment symboliques de l’Assemblée Européenne, d’une Université de l’Europe serait un des signes forts que l’Union renoue avec l’économie de la connaissance et le rayonnement scientifique qui devrait être le sien. Etablissement pionnier, cette université aurait pour vocation première de proposer des formations interdisciplinaires dédiées aux adultes en formation continue. Elle offrirait là un visage concret à l’agenda de Lisbonne et la préfiguration de ce que devraient être à l’avenir toutes les grandes universités européennes : des centres d’excellence, portés par un modèle académique tourné vers l’avenir, ouverts à tous les âges et tous les milieux.

Le texte de l’Appel

Depuis ses débuts, la Fondation pour l’innovation politique explore l’idée de créer à Strasbourg l’Université de l’Europe. Cette décision serait aussi significative que le fut à l’époque celle d’y installer l’Assemblée européenne. C’est un projet concret, comme ceux que la Fondation aime encourager. Il touche trois domaines où l’innovation politique est une urgente nécessité.

L’Europe n’en fait pas assez pour sa jeunesse. Dans beaucoup de pays, celle-ci se sent à l’étroit au sein de sociétés qui vieillissent. Elle a du mal à trouver les moyens de faire ses preuves. Elle tend à s’écarter du monde du savoir et de la recherche, qui ne développe plus le goût de l’aventure ni la perspective de la réussite. Dans beaucoup de pays, l’Université, massifiée, offre des pédagogies sans attrait et des débouchés incertains. Les jeunes préfèrent tenter d’autres expériences. L’Europe doit réconcilier sa jeunesse avec la science et l’esprit de découverte.

L’Europe n’en fait pas assez pour rester dans la compétition mondiale qui est engagée dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche. Elle produit moins d’ingénieurs et de chercheurs que l’Inde ou la Chine. Elle en attire moins que les Etats-Unis. Son avance scientifique s’amenuise chaque année. Il est temps de signifier, par un projet concret, que l’Europe ne se résigne plus à se déclasser par rapport à ces nations-continents.

L’Europe n’en fait pas assez pour l’idéal de progrès. Elle a toujours refusé de se définir dans une identité repliée sur ellemême. Elle s’est reconnue dans l’humanisme, dans les grandes découvertes, dans les révolutions technologiques. Elle a chéri l’idée que ces progrès entraîneraient une amélioration de la condition humaine et une meilleure organisation de la société. L’idée de progrès s’est aujourd’hui essoufflée parce que personne n’a pris garde à en entretenir la flamme, la construction européenne s’étant plus préoccupée du marché et des institutions que de l’esprit européen.

Il y a deux avantages politiques immédiats à créer aujourd’hui l’Université de l’Europe.
Elle donnera un contenu éclatant aux accords de voisinage et de partenariat qui lient les Etats de l’Union à ses voisins, accords dont on parle sans cesse, mais dont les effets restent invisibles aux peuples. Aux côtés de leurs camarades de l’Union, des jeunes issus d’Etats qui n’en sont pas membres ou qui appartiennent à l’univers de la Méditerranée pourront demain partager le meilleur du savoir et l’universalité des Lumières.
L’Université, établie là où siège le Parlement de l’Union, serait le symbole d’une Europe capable de préparer son avenir et celui de sa jeunesse. Si l’on a conçu le projet, à l’origine, de disperser les institutions pour que l’idée européenne s’acclimate dans chacun des Etats fondateurs des Communautés européennes, les nouvelles générations ont des exigences plus hautes : entrer dans la compétition mondiale avec le progrès pour idéal. L’Université de l’Europe sera l’étoile montante de l’Union. Adieu les nostalgies. Construisons l’Europe de l’intelligence.

Bronislaw Geremek
Député européen, vice-président
du conseil de surveillance de la Fondation
pour l’innovation politique

Jérôme Monod
Président d’honneur de la Fondation
pour l’innovation politique

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Par fax : 01 44 18 37 65

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