L'UE face aux défis environnementaux

Thomas Ferenczi | 04 décembre 2008

S’il est un domaine dans lequel l’Union européenne prétend montrer l’exemple au reste du monde, c’est bien celui de l’environnement.

S’il est un domaine dans lequel l’Union européenne prétend montrer l’exemple au reste du monde, c’est bien celui de l’environnement. Il a fallu du temps pour que les Européens fassent de cette question l’une de leurs préoccupations majeures et s’efforcent de convaincre l’ensemble de leurs partenaires de s’associer à leurs efforts.

C’est l’Acte unique, en 1987, qui a ajouté la politique de l’environnement aux politiques communautaires déjà existantes et le traité de Maastricht, en 1992, qui l’a inscrite, dans son préambule puis dans son article 2, parmi les priorités de l’Union. Le traité d’Amsterdam, en 1997, a introduit le principe du développement durable, avant que le traité de Lisbonne n’assigne pour objectif à l’UE « un niveau élevé de protection et d’amélioration de la qualité de l’environnement ».

Il y a donc une vingtaine d’années que la dimension écologique est devenue partie intégrante du projet européen. Elle s’est affirmée avec force au cours de cette période, gagnant en importance d’un traité à l’autre. La politique de lutte contre le changement climatique dont débattent en ce moment les Etats membres apparaît comme l’aboutissement de cette longue marche, qui a consacré la prééminence de l’UE dans la mobilisation de la communauté internationale.

L’Europe, il est vrai, a profité du relatif effacement des Etats-Unis, qui avaient joué précédemment un rôle moteur, mais elle a su donner une forte impulsion au combat pour l’environnement, en contribuant efficacement à l’adoption du protocole de Kyoto sur le réchauffement climatique.

Or, au moment où s’engagent les négociations sur l’après-Kyoto, des doutes commencent à s’élever sur la détermination des Européens. Les ONG s’inquiètent des divisions entre les Etats membres qui pourraient conduire l’UE à revoir ses objectifs à la baisse. Alors qu’approche l’heure de vérité, l’Europe va-t-elle cesser d’être le modèle qu’elle est devenue dans ce domaine ?

Un clip de l’association Greenpeace fait défiler des propos tenus par des dirigeants européens d’hier et d’aujourd’hui selon lesquels il n’y a pas de temps à perdre et il faut agir maintenant. « Maintenant, c’est quand ? », demande l’association. Les gouvernements sont-ils prêts à résister aux groupes de pression qui veulent freiner le mouvement, au nom des exigences de la compétitivité ?

« Les Européens ne sont pas encore réellement sortis du dilemme compétitivité ou environnement », notent Elvire Fabry et Damien Tresallet dans une étude de la Fondation pour l’innovation politique, réalisée sous leur direction. La double crise, financière et économique, à laquelle l’Europe doit faire face ne favorise pas la mise en place d’une politique qui offre les moyens de résoudre cette contradiction.

« Le défi actuel, expliquent Elvire Fabry et Damien Tresallet, consiste donc à maintenir les objectifs environnementaux que s’est fixés l’Union européenne, tout en limitant à court terme le coût de cette stratégie pour la compétitivité de ses entreprises ». L’usage simultané de plusieurs instruments – une politique commerciale active, une réglementation souple, des mécanismes de marché au service de l’innovation – est, selon eux, la meilleure réponse possible.

S’il est vrai, comme l’écrivent les auteurs, que les politiques environnementales sont devenues « des éléments constitutifs de l’identité européenne » et « un vecteur de légitimité du projet européen », l’Union est appelée à des choix décisifs. Ou bien elle confirmera son tropisme environnemental. Ou bien, après avoir en partie raté le virage informatique, elle manquera aussi le tournant écologique.

 

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