Jeunesse : les emmurés

Alexandre Brugère | 01 octobre 2025

Nous l’appellerons Jackson. Il avait grandi dans une cité sensible de Seine-Saint-Denis.
De l’attrait de la bande à la promesse d’« argent facile » que laisse espérer le trafic de drogue, Jackson avait engagé les premières années de sa vie sur cette voie qui mène d’ordinaire vers une délinquance d’habitude.

Seulement voilà, Jackson n’a pas sombré. Ce qui l’a sauvé, me dira-t-il, fut que sa mère, qui assumait seule son éducation, décida de l’envoyer en internat au moment où les choses ont commencé à mal tourner. S’ouvrit alors, pour lui, un autre avenir que celui qui lui était promis jusqu’ici. Plus tard, chaque fois qu’il rendait visite à sa mère dans « le quartier », il se sentait décalé, comme étranger en lui-même. Il était d’ailleurs regardé comme « celui qui les avait lâchés ». Peu importe, il s’en était sorti.

Cette rencontre, au milieu de beaucoup d’autres, m’est apparue comme une clé puissante pour comprendre les ressorts de cette jeunesse délinquante, voire multidélinquante. Non pas que tous les jeunes qui grandissent dans les quartiers sensibles y soient prédestinés, fort heureusement, mais refuser d’admettre qu’ils y sont plus nombreux qu’ailleurs relève du déni.

Alexandre Brugère, Combattre l’islamisme sur le terrain, Fondapol, mai 2025

Lire l’article dans le numéro d’octobre de la Revue des Deux Mondes ou sur le site revuedesdeuxmondes.fr

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