Municipales : dans la dernière ligne droite, l'enjeu décisif de la participation

Pierre-Alain Furbury | 22 juin 2020

Les candidats en lice pour le second tour des municipales n’ont plus qu’une semaine pour faire campagne. La participation est la clé du scrutin, un « objet politique inédit » plus de trois mois après le premier tour et sous fortes contraintes sanitaires.

Il reste une semaine avant le second tour de scrutin. En soi, le constat n’a rien d’étonnant : une semaine, c’est traditionnellement le temps de la campagne de l’entre-deux tours. Sauf que les élections municipales, cette année, n’ont rien d’ordinaire. Pas moins de quinze semaines auront séparé le second tour du premier. Et si l’épidémie de Covid-19 semble maîtrisée (à l’exception de la Guyane, où le second tour a été reporté, et de Mayotte), la crainte persistante du virus impose des restrictions inédites : pas de meeting, peu de porte-à-porte, la nécessité de respecter les règles de distanciation physique, le port du masque Une campagne à distance nettement plus compliquée pour les candidats en lice dans les presque 5.000 communes (sur 35.000) où le premier tour, le 15 mai, n’a pas été conclusif.

« Je fais une campagne tranquille. Ce n’est pas possible comme avant. Mais cela ne m’empêche pas de faire tous les marchés avec des militants », explique le socialiste Stéphane Le Foll, grand favori à sa succession au Mans. « C’est plus contraignant. Là, on est obligé d’engager la conversation à distance et seuls ceux qui veulent des tracts viennent vers nous. Ca limite le nombre de gens qu’on touche », renchérit Gabrielle Siry, candidate sur la liste PS dans le 18e arrondissement de Paris, qui redoutait toutefois « bien pire »: « Sur le terrain, l’accueil est plutôt bon ».

« C’est gérable »

Très inquiet il y a un mois, Daniel Fasquelle se dit lui aussi un peu rassuré. « C’est une campagne très longue, qui n’en finit pas. Il nous tarde que ça se termine. Mais c’est gérable », observe le porte-drapeau des Républicains au Touquet, où il a viré en tête le 15 mars, tout en avouant hésiter à faire du porte-à-porte, « très intrusif ». Ce qui « complique dans les derniers jours pour aller chercher les derniers hésitants ». Il redoute aussi que la crainte d’une reprise de l’épidémie en Chine« pèse » sur le climat général et dissuade une fois encore les électeurs d’aller aux urnes.

La participation est plus que jamais la clef du scrutin. Surtout dans les villes ou les candidats sont au coude-à-coude, comme Lille , Toulouse ou Strasbourg . Pour la première fois depuis le début de la Ve République pour un scrutin municipal, moins de la moitié des Français inscrits sur les listes électorales ont voté le 15 mars : 44,66 %, soit 20 points de moins qu’en 2014. « La participation peut réserver des surprises, tant le réservoir est important », alerte le politologue Pascal Perrineau, tout en jugeant que la crise renforce les maires sortants, « sous les feux de la rampe dans un rôle sympathique, de soutien, de protection et même de boucheur des trous de l’Etat », sur les masques.

« Totalement biaisé »

Même si le système des procurations a été assoupli et que la crainte d’attraper le virus a baissé, il n’est pas certain que les électeurs soient plus nombreux à se déplacer qu’au premier tour. Selon un sondage Ifop, la participation ne dépasserait pas aujourd’hui 38 % dans les communes non pourvues au premier tour, contre 41,8 % le 15 mars dans ces mêmes municipalités. Le niveau « hors de proportion » de l’abstention et les trois mois qui séparent les deux tours font de ces « municipales d’exception » un scrutin « tronqué » et « totalement biaisé », affirme le constitutionnaliste et politologue Olivier Rouquan, spécialiste des collectivités locales. « En tirer des conclusions politiques sera très compliqué », prévient-il.

Dominique Reynié, le directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, ne dit pas autre chose. « Les résultats seront principalement la cause de l’inédit et non pas la photographie d’un rapport de force. C’est la première fois que le second tour sera la conséquence du premier – puisque des candidats ont été éliminés – mais pas son prolongement », analyse-t-il, qualifiant ces municipales d’« objet politique inédit ».

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Très inquiet il y a un mois, Daniel Fasquelle se dit lui aussi un peu rassuré. « C’est une campagne très longue, qui n’en finit pas. Il nous tarde que ça se termine. Mais c’est gérable », observe le porte-drapeau des Républicains au Touquet, où il a viré en tête le 15 mars, tout en avouant hésiter à faire du porte-à-porte, « très intrusif ». Ce qui « complique dans les derniers jours pour aller chercher les derniers hésitants ». Il redoute aussi que la crainte d’une reprise de l’épidémie en Chine« pèse » sur le climat général et dissuade une fois encore les électeurs d’aller aux urnes.

La participation est plus que jamais la clef du scrutin. Surtout dans les villes ou les candidats sont au coude-à-coude, comme Lille , Toulouse ou Strasbourg . Pour la première fois depuis le début de la Ve République pour un scrutin municipal, moins de la moitié des Français inscrits sur les listes électorales ont voté le 15 mars : 44,66 %, soit 20 points de moins qu’en 2014. « La participation peut réserver des surprises, tant le réservoir est important », alerte le politologue Pascal Perrineau, tout en jugeant que la crise renforce les maires sortants, « sous les feux de la rampe dans un rôle sympathique, de soutien, de protection et même de boucheur des trous de l’Etat », sur les masques.

« Totalement biaisé »

Même si le système des procurations a été assoupli et que la crainte d’attraper le virus a baissé, il n’est pas certain que les électeurs soient plus nombreux à se déplacer qu’au premier tour. Selon un sondage Ifop, la participation ne dépasserait pas aujourd’hui 38 % dans les communes non pourvues au premier tour, contre 41,8 % le 15 mars dans ces mêmes municipalités. Le niveau « hors de proportion » de l’abstention et les trois mois qui séparent les deux tours font de ces « municipales d’exception » un scrutin « tronqué » et « totalement biaisé », affirme le constitutionnaliste et politologue Olivier Rouquan, spécialiste des collectivités locales. « En tirer des conclusions politiques sera très compliqué », prévient-il.Dominique Reynié, le directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, ne dit pas autre chose. « Les résultats seront principalement la cause de l’inédit et non pas la photographie d’un rapport de force. C’est la première fois que le second tour sera la conséquence du premier – puisque des candidats ont été éliminés – mais pas son prolongement », analyse-t-il, qualifiant ces municipales d’« objet politique inédit ».

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