Retraites: ce big bang que prépare Edouard Philippe

Christine Ollivier | 15 mai 2025

S’il est élu, le Havrais organisera un référendum sur le sujet en juin 2027. Alors que l’idée de la capitalisation s’installe dans le débat public, le candidat à l'élection présidentielle travaille en coulisse pour passer du slogan au comment

Référendum. Mais Edouard Philippe a pris une longueur d’avance : il est passé aux travaux pratiques. En mars, il a confirmé à Lille sa volonté de prendre le sujet à bras le corps en annonçant son intention, s‘il était élu à l’Elysée, d’organiser dès le mois de juin 2027 un référendum portant sur une vaste réforme des retraites garantissant l’équilibre des différents régimes et incluant « l’introduction d’une dose de capitalisation collective ».

Reste à passer du slogan au comment. Cette tâche, l’ex-Premier ministre l’a confiée à un homme qu’il connaît bien : son ancien conseiller à Matignon sur les questions de relations sociales, de travail et d’emploi, Franck Morel. Avocat, l’homme est à 56 ans un spécialiste du droit du travail, qui a conseillé quatre ministres du Travail, dont Xavier Bertrand, de 2007 à 2012, et participé à l’élaboration d’une quinzaine de réformes, dont les ordonnances Pénicaud sur le droit du travail de 2017 et la loi de 2018 sur l’apprentissage. Il publie le 18 juin prochain, un ouvrage, Le travail est la solution : réconcilier les Français avec le travail (éditions Hermann), coécrit avec Bertrand Martinot, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy et auteur en novembre d’une note remarquée de la Fondapol sur la capitalisation.

Depuis près d’un an, Franck Morel planche discrètement sur le sujet avec un groupe d’experts et de hauts fonctionnaires. « On procède par paliers, et le premier palier, c’était de faire passer l’idée », sourit-il. « Tant mieux » donc, si elle se diffuse au sein du bloc central. L’heure de dévoiler un projet ficelé n’est pas encore venue, mais l’objectif est bien « la mise en place d’un étage collectif et obligatoire de capitalisation », qui viendrait compléter, et non pas se substituer, à l’actuel système par répartition, explique-t-il.

« La cible est un régime hybride à très large dominante de répartition avec une dose de capitalisation ». Il ne s’agit pas de vendre du rêve : « la capitalisation n’est pas quelque chose de magique qui a vocation à être totalement indolore »

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