
Sarkozy gagne des électeurs dans les rangs centristes et frontistes
Pierre Jaxel-Truer, Thomas Wieder | 05 avril 2012
D’où vient la récente embellie, pour Nicolas Sarkozy, dans les sondages d’intentions de vote ? La septième vague de l’étude Présidoscopie, réalisée par Ipsos Logica Business Consulting pour Le Monde, le centre de recherches de Sciences Po (Cevipof), la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) et la Fondation Jean-Jaurès, livre des éléments de réponse.
4 300 personnes interrogées
Le président-candidat, à l’évidence, profite de sa réaction pendant les tueries de Toulouse et de Montauban (11, 15 et 19 mars). Il a su incarner l’autorité en profitant de sa fonction présidentielle, tandis que son adversaire principal, François Hollande, s’est contenté d’éviter un faux pas.
Cette étude, réalisée du 23 au 27 mars auprès d’un échantillon représentatif de la population de plus de 4 300 personnes, soit plus de quatre fois la jauge d’un sondage ordinaire, permet d’observer le comportement de ceux qui décident, en cours de campagne, de changer d’avis et de délaisser un candidat, un temps privilégié, pour un autre. C’est le principe de la Présidoscopie : suivre, du début à la fin de la campagne de cette élection présidentielle, un même échantillon d’électeurs, afin de comprendre les dynamiques.
Selon Ipsos, entre le 2 mars et le 23 mars, M. Sarkozy a gagné 2,5 points d’intentions de vote, passant de 25 % à 27,5 %. Cette hausse, décortiquée, est plus complexe qu’il n’y paraît. Un peu plus de la moitié (1,5 point) de ses nouveaux partisans sont des transfuges qui lui préféraient, avant, d’autres protagonistes. Mais ce n’est pas tout : 1 point provient de la mobilisation d’électeurs qui, jusqu’alors, ne se déclaraient pas sûrs de leur choix. Il s’agit d’électeurs de droite qui se remobilisent.
Parmi ceux qui changent de favori, deux familles se distinguent, à parts égales : ceux qui délaissent François Bayrou et ceux qui quittent Marine Le Pen. La Présidoscopie interroge les motivations des uns et des autres.
Tous les traits d’image du président-candidat s’améliorent. C’est un élément de réponse. L’étude s’accompagne d’une dizaine d’entretiens réalisés avec d’anciens partisans de Mme Le Pen et de M. Bayrou ayant rejoint le camp Sarkozy. Pour eux, le chef de l’Etat s’est refait une virginité grâce à la tuerie de Toulouse. « Il a été correct, il a été bien. Il n’a pas dit ‘C’est moi qui ai réussi' », estime un transfuge en provenance du centre. « Je l’ai trouvé à la hauteur », déclare un ancien soutien de Mme Le Pen. Le spectre du « bling-bling » s’éloigne.
Une certaine sincérité
A trois semaines du scrutin, joue aussi l’idée de « vote utile ». « Je ne veux pas qu’un vote d’intention au premier tour soit préjudiciable au second », note un ancien « bayrouiste ». « Il faut donner le maximum de chances à Nicolas Sarkozy », juge un ancien partisan de Mme Le Pen. Le président-candidat fédère à droite, car il est considéré comme seul capable de s’imposer face à François Hollande.
Chez les ex-centristes comme chez les ex-frontistes, l’infléchissement du discours de M.Sarkozy sur les thèmes de la sécurité – important au centre – et de l’immigration – important à droite – a plu. « Ce qui a changé, à Toulouse, c’est qu’on se recale sur la sécurité. (…) On n’est pas si bien protégé que ça en France », estime un ancien partisan de M. Bayrou. « L’immigration, ce n’est pas un sujet périphérique », se félicite un électeur venu de chez Mme Le Pen. Le bilan de M. Sarkozy retrouve de l’attrait ou, à défaut, on le crédite d’une certaine sincérité. « Un candidat qui vous dit ‘Je me suis gouré et je vais faire mieux’, peut-être qu’il fera mieux », espère une personne interrogée.
A ces raisons positives s’ajoute, chez ceux qui changent d’avis, une forme de désamour à l’égard de leur précédent favori. « Bayrou, on ne l’entend pas », déplore un ex-soutien. « Il passe son temps à critiquer Sarkozy », regrette un autre. L’attitude du candidat MoDem, qui a continué sa campagne lors des événements de Toulouse, a déplu : « Chacun devait la mettre en veilleuse, il fallait ne rien dire », juge un troisième.
L’aura de Mme Le Pen a aussi pâli. « De toute façon, elle n’a pas l’envergure d’un président de la République », juge un déçu. S’il ne fait pas rêver ses nouveaux soutiens, du moins M. Sarkozy ne les rebute-t-il plus.
Lisez l’article sur LeMonde.fr
Retrouvez les résultats de l’enquête Présidoscopie 2012 sur fondapol.org
Aucun commentaire.