Toujours pas candidat, Eric Zemmour arriverait au second tour de l'élection présidentielle, selon un sondage

06 octobre 2021

Donné jusqu'à 18% dans un sondage Harris Interactive ce mercredi, Eric Zemmour continue d'entretenir la confusion sur ses intentions électorales. "C'est mon intérêt de faire durer l'ambiguïté", dit-il, omniprésent dans les médias et dont les conférences s'apparentent de plus en plus à des meetings.

On l’accueille aux cris de « Zemmour président », mais il n’est pas encore candidat. Il invoque l’Histoire de France sans s’embarrasser des faits. Eric Zemmour, qui tutoie désormais le second tour dans les sondages, selon un sondage Harris Interactive paru mercredi 6 octobre, sème la confusion et devient le « chamboule-tout » de la campagne présidentielle.

Autocollant « Zemmour président » collé au revers du veston, les partisans du polémiste identitaire, qui ne cache pas ses ambitions présidentielles mais n’a pas encore dit ses intentions, ont entonné avec lui une Marseillaise lundi soir, après un débat avec le philosophe issu de la gauche Michel Onfray.

Devant 3.700 personnes, les deux hommes n’avaient pas beaucoup de désaccords, Eric Zemmour s’attaquant à l’islam, Michel Onfray au « transhumanisme ». Ils ont dénoncé de concert la « décomposition de la civilisation judéo-chrétienne » et le « climat de guerre civile », jusqu’à s’interroger sur le besoin ou non « d’armer » les Français.

Ce débat « est symptomatique d’un espace confusionniste, qui sert la dynamique d’extrême-droitisation » du champ politique, affirme Philippe Corcuff, auteur de La grande confusion – Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées (éditions Textuel, 2020), et qui enseigne les sciences politiques à l’IEP de Lyon.

« Le fait que des fractions de la gauche ont mis le doigt sur le terrain identitaire contribue à brouiller les cartes et affaiblit le clivage gauche-droite, favorisant ce type de processus », explique-t-il.

« Suspense et ambiguïté »

« Veut-on vraiment se battre pour conserver la France ? (…) C’est ça l’enjeu. La droite et la gauche, c’est un peu petit à côté de ça », dit Eric Zemmour. Pour Dominique Reynié, directeur de la Fondation pour l’innovation politique, « aller par delà la gauche et la droite, c’est surtout une autre façon d’être antisystème ».

Le polémiste profite en outre, selon lui, d’une « dépréciation de toute l’offre politique », elle-même « sans clarté ». Eric Zemmour continue d’entretenir la confusion sur ses intentions électorales. « C’est mon intérêt de faire durer l’ambiguïté », dit-il, omniprésent dans les médias et dont les conférences s’apparentent de plus en plus à des meetings.

« Quand on crée du suspense on crée du désir, de la curiosité », note le politologue Jean-Yves Camus, mais à un moment, il lui faudra « une machine de campagne rôdée » et réunir 500 signatures.

Eric Zemmour « joue également sur le fait que la droite n’a jamais résolu une contradiction » en son sein, entre son aile centriste incarnée par Xavier Bertrand et celle des plus « durs » comme Eric Ciotti, qu’Eric Zemmour « est en train de fédérer », ajoute le spécialiste de l’extrême droite.

Donné jusqu’à 18% dans un sondage Harris Interactive mercredi, au détriment de Marine Le Pen, qui a minimisé son discours, et des candidats de droite, Eric Zemmour se présente comme le « porte-parole » des « classes populaires et de la bourgeoisie patriote ». Il séduit en l’occurrence un tiers des électeurs de François Fillon et un tiers de ceux de Marine Le Pen en 2017.

« Une foi, dans un univers où personne n’a la foi »

« C’est un candidat chamboule-tout » qui « espère aussi prendre des voix aux abstentionnistes qui le voient comme un candidat hors système, qui n’est pas un professionnel de la politique », ajoute Jean-Yves Camus. Eric Zemmour prend par ailleurs des libertés avec l’Histoire, dont il se dit passionné. Il affirme que le maréchal Pétain a sauvé des juifs, ou que le fascisme italien et le nazisme seraient des mouvements issus de la gauche, contredit à chaque fois par les historiens.

Le polémiste « peut dire un certain nombre de choses » parce qu’il est juif, estime le maire de Béziers Robert Ménard. Pour cette raison, il sera « difficile de le qualifier de nazi », abonde dans le quotidien Le Monde l’ancien président du FN (devenu RN) Jean-Marie Le Pen, qui n’exclut pas de voter pour lui s’il dépasse sa fille.

« Tout le discours de Zemmour, c’est de faire l’union de la droite et l’extrême droite » et donc « de casser le présupposé que De Gaulle et Pétain sont deux choses différentes », analyse l’eurodéputé proche du PS Raphaël Glucksmann. Eric Zemmour a surtout, juge Glucksmann, « une foi, dans un univers où personne n’a la foi. C’est extrêmement dangereux parce que quand tout tourne autour d’un soleil, à la fin le soleil avale les astres morts. C’est la leçon de Trump ».

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