24/20… quand la "politique du chiffre" conduit à la surnotation
21 juin 2013
24/20… quand la « politique du chiffre » conduit à la surnotation
C’est une politique de forme au détriment du fond que souhaite mener l’Académie d’Orléans-Tours en instaurant, pour l’oral de français, une notation officieuse sur 24. En pleine période de bac, cette polémique, initiée par syndicat Sud Indre-et-Loire, réveille un vieux serpent de mer de l’éducation française : la surnotation.
Plusieurs raisons expliquent cette démarche dont aucune ne saurait être légitimée, eu égard aux principes de l’enseignement. Tout d’abord, notons qu’avec 83,3 % de réussite au bac, l’Académie d’Orléans-Tours se place seulement au 22e rang national, un point et demi en dessous de la moyenne française[1]. La mesure cosmétique semblait donc tout indiquée pour « doper » les notes des élèves dans cette course aux bons résultats ; car, oui, même l’éducation nationale est soumises aux exigences du « retour sur investissement » : des élèves mal notés sont de potentiels redoublants et donc, de potentielles « pertes » pour la rue de Grenelle.
Vivement interpellé sur le sujet, le ministère précise que « la notation sur 24 est un document transitoire qui permet de savoir ce qu’on va noter comme compétences ». Comprenne qui pourra ! Et même sans comprendre, comment expliquer qu’une Académie se démarque de la procédure générale –pourtant garante d’un égalitarisme sommes toutes salutaire pour le respect de l’universalisme républicain et d’une méritocratie déjà bien écornée- pour la notation de l’examen national par excellence ? N’en déplaise aux adeptes des « barèmes alternatifs » ensuite ramenés sur 20[2], ce dispositif particulièrement opaque abouti bien à une notation de 24/20[3] et favorisent les élèves les plus faibles en accordant une marge d’erreur générale plus importante. Deux lycéens aux niveaux très différents pourront alors se retrouver avec la même note.
Est-ce une bonne base d’entrée dans le supérieur ? Si le concept même de notation a de nombreuses fois été critiqué pour ses imperfections –aucun système n’en est dépourvu- encore s’agit-il de ne pas le rendre plus imparfait, voire absurde en sapant ses origines et principes.
Toute la question est ici de savoir ce que le système français souhaite évaluer : la valeur du travail d’un étudiant sur une période donnée ou le creux prestige d’un tableur Excel aux ronflants pourcentages ?
Julien De Sanctis
[1] http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/des-profs-de-francais-invites-a-surnoter-les-eleves-2194/
[2] http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2013/06/19/polemique-sur-la-notation-du-francais-au-baccalaureat/
[3] http://www.lefigaro.fr/assets/images/consignes-bac-fr-orleans-tours.jpg
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