Alain Lamassoure à Sciences Po : un vibrant plaidoyer en faveur de l’Europe

Omar Ben Abderahmen | 01 octobre 2015

alainlamassoureAlain Lamassoure à Sciences Po : un vibrant plaidoyer en faveur de l’Europe

Par Omar Ben Abderahmen

Invité par Les Républicains de Sciences Po le 23 septembre dernier pour une conférence intitulée « Crise des migrants, crise de l’euro : peut-on encore aimer l’Europe ? », Alain Lamassoure, député européen, a expliqué à quel point il croyait plus que jamais au projet européen, loin des fantasmes et replis nationalistes.

« Le débat entre fédéralistes et souverainistes est dépassé ! »

M. Lamassoure n’a pas souhaité défendre l’Europe, comme un grand nombre d’étudiants s’y attendait, mais a préféré expliquer en quoi nous pouvons faire bon usage de l’Union Européenne. Au fond, le débat entre fédéralistes et souverainistes est bien trop stérile et passéiste. Auteur de l’article 88-1 de la Constitution française (« La République participe à l’Union européenne constituée d’États qui ont choisi librement d’exercer en commun certaines de leurs compétences en vertu du traité sur l’Union européenne et du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, tels qu’ils résultent du traité signé à Lisbonne le 13 décembre 2007. »), Alain Lamassoure considère l’Union Européenne comme un fait, et il serait illusoire de penser le destin de la France dissocié de celui de l’Europe.

Selon lui, répondre aux partisans de la sortie de l’Union Européenne est un non-sens. Le discours populiste, notamment du Front National, se construit à partir de fausses réalités et de fantasmes. La vérité c’est que sur 100€ d’impôts, seulement 90 centimes financent les politiques européennes. Selon lui, la construction européenne n’a rien à voir avec les souverainetés, elle n’est qu’affaire de répartition des compétences.

Avec le style vif qui le caractérise, Alain Lamassoure a souhaité mettre en évidence l’originalité du projet européen qui mêle deux phénomènes apparemment contradictoires : la volonté d’union (notamment au niveau économique) et la conservation de l’indépendance nationale avec ses spécificités. De fait, le projet européen ne peut que se construire qu’avec ces deux contraintes.

« Unissons-nous : allons plus loin ! »

L’originalité est donc la première caractéristique de l’Union Européenne : allons jusqu’au bout ! Il faut créer un modèle politique sans précédent, qui fascine dans le monde entier. Le Vieux Continent a connu 2 000 ans de guerre d’une violence inouïe, notamment lors des deux guerres mondiales. En deux générations, nous avons pourtant réussi à construire une Union de paix et de prospérité.

Alors bien-sûr, cela ne rentrera dans une aucune classification de constitutionnaliste, mais tant pis, et tant mieux ! L’Union Européenne doit retrouver le souffle des Pères fondateurs Monnet et Schuman pour se tourner de nouveau vers l’avenir et faire la fierté des Européens. Les procédures, le mode de gouvernance, et les esprits doivent être nouveaux.

Au fond, en prenant l’analogie avec les communes et les communautés de communes, les pays européens ont tout intérêt à être unis et à coopérer pour tirer un maximum de bénéfices de la mondialisation (qui elle aussi est inévitable).

Le renouveau de l’Europe passe par ses institutions : l’aspect démocratique de l’Union doit être renforcé. Cela a d’ailleurs déjà commencé lors des élections européennes de 2014 avec l’élection du président de la Commission Européenne au vu du rapport de forces partisanes au Parlement Européen, et qui a vu l’élection de M. Juncker comme « Monsieur Europe ».

L’édifice institutionnel doit être renforcé pour faire encore plus d’intégration européenne. Alors que l’Europe assiste à une série de drames dans le dossier des migrants, Alain Lamassoure a rappelé que seule une politique migratoire européenne peut être efficace, fustigeant avec vigueur la politique égoïste de Viktor Orban en Hongrie.

De même, il appelle à une seule politique étrangère avec une défense commune : 80% des Français y sont favorables et même les Anglais – pourtant références en matière d’euroscepticisme – sont 70% à le souhaiter.

« Construisons une Europe à notre service »

L’Europe s’use quand on ne s’en sert pas. L’échelon supranational, qui ne remet pas en cause les nations, est l’échelon d’avenir auquel nous devons croire et en lequel nous devons investir. L’une des plus grandes fiertés françaises, et plus particulièrement pour Alain Lamassoure, est d’avoir participé à la construction européenne. Il convient de se réapproprier cette fierté : bâtissons l’Europe de demain.

Se désolant de voir que la France avait créé l’Europe mais ne savait plus comment s’en servir, l’eurodéputé a tracé les deux grands chantiers européens qui devront mobiliser les prochaines générations : la création d’une diplomatie commune d’une part et d’un système de défense européen d’autre part, seuls outils à même de faire de l’Europe un géant du monde capable de défendre ses intérêts, par exemple face à la Russie poutinienne.

Il a également réagi à une question sur le TAFTA en s’insurgeant contre les mensonges proférés par les populistes de droite et de gauche sur les dangers qu’il ferait peser sur la sécurité alimentaire ou l’exception culturelle (sujets exclus des négociations depuis le début), assurant que ce n’est qu’unis avec les Etats-Unis que nos pays seraient en mesure d’imposer leurs normes commerciales, sanitaires et environnementales au reste du monde, et de conserver leur avance dans la mondialisation.

Cet article est publié en partenariat avec Les Républicains de Sciences Po

logo republicains scpo

crédit photo : © Anne-Laure Fabre


À noter: les points de vue exprimés par les auteurs dans leurs papiers ne reflètent pas nécessairement les positions de la Fondation pour l’innovation politique et ne peuvent en aucun cas lui être systématiquement attribués. 


Commentaires (0)
Commenter

Aucun commentaire.