Commission Européenne : qui succèdera à José Manuel Barroso ?

Commission Européenne : qui succèdera à José Manuel Barroso ?

En poste depuis 10 ans, le portugais José Manuel Barroso devra quitter sa fonction à l’issue de son mandat. Son successeur sera choisi selon une nouvelle procédure. En effet, l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne conduit à une politisation plus forte du processus de nomination : l’élection du président de la Commission est désormais mieux liée à celle des députés européens.

Quel est le mode d’élection ?

Jusque-là, le président de la Commission européenne était nommé à la majorité qualifiée par le Conseil européen puis élu à la majorité par un vote du Parlement (soit au minimum 376 députés sur 751). Désormais, le Conseil européen doit aussi tenir compte du résultat des élections européennes dans son choix[1]. Les partis politiques européens présentent donc leurs candidats à la présidence de la Commission, ce qui a pour effet de « personnaliser » mais aussi de « démocratiser » l’élection européenne.

Qui sont les candidats ?

Jean-Claude Juncker (59 ans – luxembourgeois) a été élu candidat par les conservateurs du centre-droit du Parti Populaire Européen. Pilier de l’Union Européenne, il a été un artisan du Traité de Maastricht et s’est imposé comme président de l’Eurogroupe[2]. Son leitmotiv : l’équilibre budgétaire entre rigueur et croissance.

Martin Schulz (58 ans – allemand), actuel président du Parlement européen et chef de file des socialistes  est le candidat du Parti Social Démocrate. Europhile convaincu, il peut lui aussi se targuer d’une longévité européenne, étant entré au Parlement européen en 1994. Son leitmotiv : la social-démocratie européenne.

Guy Verhofstad (60 ans – belge) est le candidat de l’Alliance des Démocrates et Libéraux pour l’Europe. Surnommé « Baby Thatcher »,  il était en compétition avec José Manuel Barroso en 2010. Personnalité européenne de premier plan, il milite pour une Europe moderne et fédérale. Son leitmotiv : une intégration renforcée vers le fédéralisme.

Franziska (« Ska ») Keller (32 ans – allemande) épaulée par José Bové (60 ans – français) est la candidate des Verts pour cette élection. Le tandem se bat pour que leur formation politique acquière un rôle charnière au sein du Parlement européen. Leur leitmotiv : solidarité et écologie.

Aléxis Tsipras (39 ans, grec), représentant du Parti de la gauche européenne, fait figure d’outsider. Dirigeant du parti grec Syriza, il a rejeté les politiques d’austérité à l’encontre de son pays, y préférant une position européenne solidaire face à la crise. Son leitmotiv : l’anti-rigueur.

En binôme avec Peter Sunde (35 ans, norvégo-finlandais), Amelia Andersdotter (26 ans, suédoise) a endossé la veste de candidate pour le Parti pirate européen, créé au mois de mars. Candidature originale et inattendue, la plus jeune eurodéputé et le co-fondateur de The Pirate Bay[3] espèrent voir le succès de leur parti aux prochaines élections. Leur leitmotiv : transparence et participation citoyenne.

Avec la nouvelle procédure de désignation du président de la Commission, le Parlement devrait s’imposer comme pilier du processus de nomination de l’exécutif envoyé. Mais les européens seraient prêts à aller encore plus loin… Selon un sondage de l’Eurobaromètre réalisé à moins d’un an des élections[4], près de 70% des sondés souhaiteraient une élection directe du président de la Commission. Les Français y sont les plus favorables après les Autrichiens, avec 76% d’opinions favorables. Le leitmotiv : accorder plus de légitimité à l’Union Européenne.

Marine Caron