« cum clave »

12 mars 2013

Cum Clave

C’est aujourd’hui, mardi 12 mars 2013, que se réunit pour la première fois le conclave suite à la renonciation de Benoit XVI. La Chapelle Sixtine, d’ordinaire si silencieuse, accueille donc pour une durée indéterminée les 115 cardinaux qui éliront le prochain pape. Les règles sont simples, mais strictes : quatre votes maximum par jours et une majorité des deux tiers requise (au-delà de trente tours de scrutin, seules 50% des voies suffisent). Le cadre du vote est lui-même particulièrement sévère. Du latin cum clave qui signifie « sous clé », le conclave est enfermé au sein de la Chapelle jusqu’à ce qu’un pape soit élu. Bien loin d’être une règle punitive, cet enfermement permet de lutter contre certaines errances du passé où l’assemblée des cardinaux voyait ses membres soumis à de fortes pressions extérieures, notamment des grandes puissances européennes… dont la France! Depuis Jean-Paul II, les membres du conclave peuvent sortir de la Chapelle pour aller dormir dans des appartements spéciaux mais aucun contact avec l’extérieur ne leur est permis sous peine d’excommunication.

Cette sévérité trouve également une justification dans l’enjeu identitaire de l’élection du pape. Rassemblant un milliard deux cent millions de fidèles, présente sur cinq continents, l’Eglise Catholique reste, malgré sa décadence européenne, la seule institution véritablement universelle. Selon Bernard Guetta, chargé de la chronique géopolitique à la matinale de France Inter, cette élection pourrait engager le catholicisme sur deux voies distinctes: la première, celle de la dénonciation du capitalisme sauvage entamée par Jean-Paul II, lui redonnerait la « force de subversion pacifiste que le christianisme incarnait à ses début »  tout en assurant le caractère actuel de son principal message: l’amour du prochain. La seconde consisterait à se replier sur le respect des dogmes, comme l’avait fait Benoit XVI, et éviter tout heurt avec le monde économique et ses intérêts. Mais la relation avec le capitalisme est-elle le seul enjeu, voire même le plus important? Les question sociétales paraissent encore plus décisives, de même que les relations avec les autres grands cultes, à commencer par l’Islam, ainsi que l’organisation interne du catholicisme (célibat des prêtres, gouvernance de l’Eglise…).

En tout cas, le dernier enjeu, essentiel,  est d’ordre géopolitique. La nationalité du futur pape est un symbole majeur que le conclave ne peut sous-estimer. Élire un pape non-européen reviendrait à prendre acte du déclin du catholicisme sur le vieux continent et à miser sur une foi extra-européenne pour son futur développement.

Joseph Ratzinger avait été élu dès le quatrième vote. Cela pourrait s’avérer plus long aujourd’hui, tant les défis sont nombreux et les qualités requises pour le nouvel élu, multiples et rares chez un même homme…

Julien De Sanctis

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