Dubaï : ville fragile

Gaël Jeanson | 02 juillet 2015

Dubaï : ville fragile Dubaï

Si l’Émirat est resté très affaibli jusque 2010, la crise financière qu’il a subi fut aussi l’occasion d’assainir son économie. Plafonnement des prêts, investisseurs locaux plutôt que banques étrangères, projets moins mirobolants, diversification de l’économie… toutes ces mesures ont pour but d’éviter un nouveau scénario catastrophe. Néanmoins, si l’économie s’améliore, Dubaï est encore loin d’être une métropole accomplie.

Des difficultés économiques persistantes

Le marché de l’immobilier, en apparence assaini par des mesures de contrôle, ne semble pas en avoir fini avec les difficultés : si les prix d’avant crise semblent être de nouveau atteints, les taux d’inoccupation de certains buildings atteignent de nouveau les sommets[1].

Dans le secteur financier, la non notation de certains prêts lève de nombreuses craintes quant aux risques futurs d’une nouvelle crise de confiance, dans un pays où le poids des dettes est toujours inquiétant.

Une organisation politique qui refuse évolue difficilement

La population autochtone de l’Émirat ne représente que 5%[2] des résidents. La nationalité dubayiote étant extrêmement difficile à avoir, les travailleurs appelés à Dubaï ne peuvent prétendre qu’au statut de « résidents » temporaires. Les travailleurs sous contrat du bas de l’échelle se retrouvent ainsi avec peu de garanties salariales, de logement ou de transport.

Cette très grande difficulté à accéder à la nationalité dubayiote encourage un turn-over très important de la population locale dont la structure par genre s’avère très déséquilibrée : les hommes sont trois fois plus nombreux que les femmes, et les personnes âgées, enfants et adolescents sont en nombre extrêmement restreint[3]. Ni stable ni diverse, cette population ne peut s’investir véritablement dans la durée et s’approprier une ville qui se condamne à rester factice si elle n’est appropriée par aucun de ses résidents.

Un défaut d’identité

Il semble aujourd’hui difficile pour Dubaï de prétendre au statut de métropole en raison de sa taille restreinte (1,2million d’habitants[4]) et son absence de rôle historique majeur. Par ailleurs, si Dubaï était une métropole, de quoi le serait-elle ? Extrêmement dépendante de l’ouverture du monde, l’Émirat hésite encore dans ses domaines de spécialisation : se voulant à la fois haut lieu du génie technologique (informatique et biotechnologie[5]) et parc d’attraction pour classes moyennes, le résultat risque vite de tourner au mélange étonnant mais non forcément efficace entre une Sillicon Valley et un Las Vegas.

Un désastre écologique

Si une vitrine écologique (comme la ville de Masdar à Abou Dhabi) est souvent mise en avant pour coller aux demandes marketing de l’ère du temps, le coût écologique est à la hauteur du flamboyant des projets de Dubaï. Le sable, utilisé pour la construction des îles artificielles (Palm Island et The World[6]) est désormais une matière première introuvable. Par ailleurs, l’extension urbaine insulaire détruit toujours davantage l’écosystème du littoral : la barrière de corail ainsi que certaines espèces comme le lamantin ont aujourd’hui disparu des côtes. La consommation d’énergie dévorante couplée à une pollution atmosphérique en augmentation constante font de Dubaï une zone où l’écologie est bien trop souvent négligée.

 

[1] http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Dubai-un-carrefour-dans-le-desert-2015-04-17-1303366

[2] http://www.cairn.info/revue-herodote-2009-2-page-32.htm 

[3] http://www.cairn.info/revue-herodote-2009-2-page-32.htm

[4]http://geoconfluences.ens-lyon.fr/geoconfluences/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/de-villes-en-metropoles/corpus-documentaire/dubai-territoire-dun-nouveau-type-dans-le-monde-arabe

[5] http://www.cairn.info/revue-herodote-2009-2-page-32.htm

[6] http://mappemonde.mgm.fr/num4/lieux/lieux04402.html

 

crédit photo : CC Tom Olliver 

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