"Etre de droite, à mon sens, c’est d’abord un amour de la liberté"
11 juin 2014
« Etre de droite, à mon sens, c’est d’abord un amour de la liberté »
Camille Bedin, secrétaire général adjointe de l’UMP et présidente du groupe d’opposition au conseil municipal de Nanterre.
- Camille, vous avez été candidate à Nanterre, une ville communiste depuis 1935. Vous avez obtenu près de 30% des voix. Pensez-vous vraiment que cette ville pourra un jour basculer à droite ?
Les résultats que nous avons obtenus à Nanterre sont une formidable nouvelle : nous avons doublé le score de 2008 ! Le maire sortant a été réélu, mais avec mon équipe, nous sommes très contents des résultats. Un jour, Nanterre basculera ! Nous ne sommes qu’au début de la conquête.
Nanterre, dans laquelle je vis avec mon mari et mon fils, est une belle ville, riche, diverse, populaire, si attachante, mais qui pourrait être tellement mieux au quotidien si on en prenait soin, si on s’intéressait vraiment à ceux qui y vivent ! Le projet que nous avons défendu pour Nanterre était solide et fondé sur une ambition : mieux vivre ensemble. Je suis certaine que nous pouvons convaincre beaucoup de gens.
- Que retenez vous de cette campagne municipale ?
Les mois de campagne municipale ont d’abord été une expérience formidable avec mon équipe, qui a été extraordinaire. Elle a rassemblé des dizaines d’ habitants qui n’avaient jamais fait de politique auparavant. Ils venaient de tous les milieux sociaux, de tous les quartiers, de toutes les origines. A l’image de Nanterre. Nous avons renouvelé l’engagement politique local et prouvé, dans le contexte actuel, que là où il y a de l’énergie et de l’action, il y a des citoyens actifs : l’image que donne la politique nationale n’a rien à voir avec ce que l’on fait sur le terrain.
Nous avons rencontré beaucoup de gens. Ce qui m’a touché, c’est leur attachement à notre ville. Ce qui m’a frappé, c’est la désillusion vis-à-vis du politique et le désespoir face à la politique catastrophique de François Hollande, surtout dans les quartiers les plus populaires. Comment a-t-on pu faire autant de déçus en aussi peu de temps ?
- En 2011, vous avez publié un livre « Pourquoi les banlieues sont de droites ». Les dernières élections municipales ont donné lieu à de nombreux commentaires sur le basculement à droite de certaines villes de banlieues et sur le « vote musulman ». Comment l’interprétez-vous ?
Les élections municipales de 2014 ont montré que les « banlieues » (puisque c’est comme cela qu’on les désigne) attendent un discours que je crois profondément républicain : la même loi pour tous, pour assurer la sécurité et la liberté, et les mêmes chances de réussir pour chacun, par l’éducation et le travail.
Comme Bruno Beschizza à Aulnay-sous-Bois (93) ou Brice Rabaste à Chelles (77), j’ai rencontré des gens qui veulent qu’on leur parle comme aux autres citoyens, et qui n’en peuvent plus que le Parti socialiste les considère uniquement sous l’angle de leurs origines, de leurs religions ou de leur quartier. J’ai rencontré, surtout, des citoyens qui veulent réussir par le travail et par l’école, qui valorisent la transmission et sont attachés à la famille.
Nous devons défendre nos idées partout, mettre en avant nos projets, bâtir un avenir meilleur avec nos concitoyens, sur le fondement de nos convictions. La droite doit aller dans tous les territoires. Il n’y en a aucun qui lui soit interdit – et aussi, aucun qui ne lui soit acquis. Nous pouvons gagner des villes « de gauche » en défendant nos idées, et nous pouvons aussi perdre des villes « de droite » si nous y renonçons.
- A votre avis, la droite et le centre ont-ils encore une chance de gagner en 2017, face à un FN aussi fort ? Votre génération peut-elle y faire quelque chose ?
La droite peut gagner si elle défend ses convictions : une économie dynamique et prospère, une société vivante et responsable. La question des alliances tactiques viendra ensuite : si le centre se retrouve dans nos idées – ce que je crois –, tant mieux ! C’est le programme qui doit guider la tactique, pas l’inverse. Sur le terrain, tout le monde se fiche des accords UMP- UDI ou autres !
Nous ne devons surtout pas courir après le Front National ; mais il faut entendre ce qui angoisse les Français : le chômage, les craintes face à l’immigration, la mondialisation. Cela ne sert à rien de les mépriser en disant qu’ils ont tort : il faut trouver des solutions réalistes, qui trouvent l’adhésion des citoyens.
- Selon vous, que signifie « être de droite » aujourd’hui ?
Etre de droite, à mon sens, c’est d’abord un amour de la liberté, de la création, de l’autonomie, du bouillonnement permanent de la société et de l’économie. J’aime les gens qui entreprennent de grands projets sans attendre passivement, ceux qui créent leur entreprise et nous rendent plus riches, ceux qui se réunissent dans leur immeuble pour faire changer les détails du quotidien, ceux qui s’engagent pour leurs voisins ou des victimes à l’autre bout du monde.
Etre de droite, c’est également une valorisation du travail : seul le mérite devrait primer. Un enfant issu des milieux défavorisé doit pouvoir devenir très riche par son talent ; et une entreprise qui ne le mérite pas par son innovation et sa productivité ne doit pas vivre de subventions publiques.
Etre de droite, c’est enfin un attachement à la transmission des valeurs, d’une certaine tradition, de bases solides qui permettent de grandir et sans lesquelles il n’existe pas de liberté intelligente. Libre à chacun de s’en départir, mais on ne peut pas rejeter ce qui ne nous a jamais été enseigné auparavant.
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