La Boussole européenne 2014 : les analyses du CEVIPOF
24 mai 2014
La Boussole européenne 2014 : les analyses du CEVIPOF
Analyse 1 : Le paysage des partis politiques français aux élections européennes du 25 mai
Dans sa première analyse de « La Boussole européenne 2014 », le CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po), aborde la question de la répartition des partis politiques sur l’échiquier français. Pour cela, les chercheurs ont utilisé différentes variables. L’étude se focalise ainsi sur dix partis ou regroupements de partis politiques afin d’évaluer leurs prises de décisions de manière rigoureuse. L’idée est d’aller au-delà de l’interprétation classique gauche-droite.
Pour se faire, deux axes d’analyse sont mis en évidence. L’axe horizontal relatif au positionnement économique favorable ou non à une intervention de l’Etat et au développement des politiques sociales. L’axe vertical concernant les propositions relatives aux enjeux « sociétaux » permettant de classer les partis selon la qualification de progressiste ou conservateur. Ces deux axes montrent le spectre des partis politiques français, et dévoilent donc une polarisation très affirmée.
Enfin, « la Boussole européenne 2014 » s’intéresse aux positions partisanes vis-à-vis de l’intégration européenne. Elle utilise un thermomètre permettant de distinguer les positions progressistes pro-intégration et les positions conservatrices anti-intégration sur les sujets européens.
Le constat général est celui d’une grande dispersion des partis, créant ainsi une offre politique diversifiée pour satisfaire tous les électorats. C’est ce qui fait la richesse du paysage politique français, car chaque électeur peut, par une analyse des programmes, trouver sa préférence quelle qu’elle soit.
Téléchargez l’analyse 1 – La Boussole Européenne
Analyse 2 : Profil des utilisateurs et perception de l’Union européenne
La seconde analyse publiée par Le CEVIPOF se concentre sur deux angles : le profil des utilisateurs de « la Boussole européenne 2014 », ainsi que les perceptions des citoyens des Etats membres vis-à-vis de l’Union européenne.
Le portrait type d’un utilisateur de « la Boussole » est masculin. Il s’agit majoritairement d’hommes âgés de 50 ans et plus, ayant un niveau d’études supérieures de minimum Bac+3. Si dans l’ensemble la vision de l’intégration européenne est plutôt perçue positivement, certains trouvent qu’elle est allée trop loin et surtout, qu’elle ne protège pas contre les effets néfastes de la mondialisation. L’étude des profils permet aussi de connaître la probabilité de voter des utilisateurs, à la fois en fonction des partis politiques et en fonction des enjeux européens. Les utilisateurs sont classés selon trois catégories : les pro-intégration face aux anti-intégration, et un entre-deux mitigé. Néanmoins, ces résultats révèlent la difficulté persistante qui est de réussir à intéresser un électorat qui se détourne des élections voire de la politique en général, et ce malgré l’aspect pragmatique du dispositif de « la Boussole ».
L’autre point, mis en évidence par le CEVIPOF, se focalise sur les comparaisons européennes vis-à-vis de l’intégration européenne. Cette analyse a été réalisée via les données collectées par EUVox 2014. Deux thématiques sont abordées prioritairement. La première concerne la vision des citoyens européens par rapport aux processus de redistribution des ressources entre régions européennes, des pauvres vers les riches. La seconde thématique est celle de l’opinion des citoyens sur l’appartenance de leur pays à l’Union, qui témoigne du niveau de soutien à l’intégration européen.
Téléchargez l’analyse 2 – La Boussole Européenne
Analyse 3 : Entre Etat et Union Européenne : la souveraineté nationale en question
L’analyse n°3 aborde en premier lieu la question de l’engagement des individus dans la campagne de 2014. Bien que les utilisateurs ayant répondu à ces enquêtes soient politisés, ils ne suivent pas beaucoup la campagne et pensent plutôt que les candidats ne se soucient pas de leur sort.
Concernant la relation entre UE et souveraineté nationale, les utilisateurs qui se revendiquent du FN sont les seuls à vouloir majoritairement sortir de l’Euro. Les autres partis ne le souhaitent pas (UMP, PS, Alternative, EELV et même Front de Gauche).
De même, le FN est le parti qui souhaite le moins que l’UE, pour contrer la crise, puisse emprunter de l’argent comme un Etat. Cependant, aucun parti ne se montre majoritairement défavorable à cela. Ceci nous montre que le FN suit une ligne interventionniste, même quand il s’agit de l’UE.
Sur la question d’une politique étrangère commune en UE, le clivage se situe entre pro et anti intégration européenne : le FG et le FN sont divisés sur la question de la politique étrangère (le FN y est plus réfractaire), tandis que les autres partis y seraient plutôt favorables.
En matière monétaire, les pays qui s’opposent le plus à l’euro sont les pays qui ne l’ont pas adopté, à l’image du Royaume-Uni et de la Pologne (pourtant candidate). Par la suite viennent les pays qui sont entrés récemment dans l’UE, mais ils sont néanmoins majoritairement favorables à la monnaie unique. Parmi les pays l’ayant adoptée aucun ne souhaite vraiment en sortir, pas même les Etats exposés aux plans d’austérité. Ainsi, l’euro est mal perçu seulement par les pays qui ne l’ont pas.
Téléchargez l’analyse 3 – La Boussole Européenne
Analyse 4 : L’Europe Sociale ? Un enjeu européen au regard du clivage gauche-droite
Comme le montre la précédente analyse, le clivage majeur concernant la souveraineté nationale est celui entre les eurosceptiques et les autres. Mais ce n’est pas le cas sur les questions sociales : les utilisateurs de gauche (et du FN) valorisent davantage la protection des acquis sociaux français contre les règles européennes que ceux de droite et du centre, donc la séparation est la même que pour les questions sociales nationales.
Il en va de même sur la question de la restriction du droit des travailleurs européens, où la droite et le FN sont davantage pour une restriction que la gauche. Le clivage classique est toutefois bien plus marqué concernant la question de la politique migratoire globale de la France.
Au niveau européen le Royaume-Uni (avec David Cameron notamment), Chypre, les Pays-Bas et le Danemark arrivent en tête des pays qui militent pour une restriction du droit des travailleurs européens. En effet, la question de l’immigration dans ces pays est beaucoup soulevée, que ce soit dans les débats politiques ou par la mise en place de mesures. Les pays les moins favorables à une restriction sont les nouveaux membres de l’UE, ou les pays dont les populations émigrent le plus (Espagne par exemple). Entre les deux, les pays sont très hétérogènes.
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