La Corée du Sud dépassera la France en terme de pouvoir d’achat dès 2018
Fondapol | 28 août 2014
La Corée du Sud dépassera la France en terme de pouvoir d’achat dès 2018
Le revenu par habitant à parité de pouvoir d’achat (PPA) des Sud-Coréens devrait dépasser celui des Français et des Japonais en 2018, nous apprend la dernière note sur la Corée du Sud diffusée par Moody’s le 9 juin 2014[1]. La 15e puissance mondiale a fait preuve d’une bonne résistance face à la crise financière de 2008 et l’institut de notation semble avoir confiance en ses perspectives de croissance sur le long-terme.
« La Corée du Sud continuera de combler l’écart de niveau de vie avec les économies à haut revenu en perte de vitesse, comme la France et le Japon »
Après un ralentissement de la croissance coréenne à 2,3% en 2012, la tendance est repartie à la hausse en 2013 avec un taux de 3%. Les prévisions de Moody’s semblent confirmer cette accélération avec une croissance estimée entre 3,5% et 4% pour 2014 et 2015. L’économie sud-coréenne devrait donc continuer à afficher des performances supérieures à celles des autres pays du G20 à la fois à court et long termes.
En raison de la solidité des perspectives de croissance du pays, l’agence de notation prévoit aussi que la Corée du Sud dépasse même le niveau de revenu par habitant des Français ou Japonais. En effet, selon Moody’s, le revenu à parité de pouvoir d’achat des Sud-Coréens devrait passer de 31.950 dollars en 2012 à 38.451 dollars en 2018, dépassant ainsi celui des Français qui devrait connaître une plus faible augmentation, évoluant sur la même période de 35.512 dollars à 37.647 dollars. La Corée du Sud devancerait aussi le Japon dont le revenu par habitant s’élèvera à 37.826 dollars en 2018, mais resterait loin derrière les Etats-Unis.
Objectifs 4% de croissance, 70% de taux d’emploi et 40.000 dollars de revenu par habitant
Les bonnes prévisions économiques de Moody’s font échos au « Plan 474 » présenté par la Présidente Sud-Coréenne Park Geun-hye le 25 février 2014[2] qui reprend le style du « Plan 747 » de son prédécesseur Lee Myung-bak. Ce dernier ambitionnait d’atteindre 7% de croissance et 40.000 dollars de revenu par habitant, pour faire de la Corée du Sud la 7e économie mondiale[3]. Park Geun-hye vise, quant à elle, des objectifs également ambitieux mais qui semblent plus facilement réalisables d’ici la fin de son mandat en 2017. En effet, Moody’s tablant sur une croissance de 3,5% pour 2014, un objectif de 4% de croissance ne semblent pas impossible d’ici 3 ans. Cependant, le revenu par habitant ne s’élevait qu’à 24,696 dollars (taux de change réel) en 2012 et nécessiterait d’être presque multiplié par deux pour atteindre les objectifs du plan. Tandis que le taux d’emploi qui atteignait 64,2% en 2012, implique lui la création de 2,38 million d’emploi supplémentaires d’ici 2017[4].
Le plan du gouvernement pour objectif de réduire l’importante dépendance de la Corée du Sud aux exportations en renforçant la consommation intérieure, ainsi que d’encourager le développement du secteur des services[5]. Pour cela, la Présidente veut miser avant tout sur l’innovation et les petites et moyennes entreprises afin de favoriser la croissance à long-terme. Le gouvernement prévoit donc de favoriser fiscalement les PME, plutôt que les grandes entreprises industrielles, de soutenir l’emploi des jeunes et des femmes, ainsi que de favoriser les investissements à la fois publics et privés dans les start-up et dans les activités de recherche et développement.
Une réussite sous conditions
Pour plusieurs commentateurs économiques, dont Moody’s, ce plan de réforme va dans le bon sens, celui de la croissance. Cependant, les bonnes prévisions de l’agence de notation sont conditionnées par la réussite des politiques économiques engagées par le gouvernement coréen, ainsi que par sa capacité à affronter certains défis : l’importance de l’endettement des entreprises publiques et des ménages ainsi que le vieillissement de la population coréenne. De plus, le désastre du naufrage du ferry Sewol, qui a causé la mort de 302 personnes et traumatisé le pays, le 16 avril 2014 a actuellement des conséquences notables sur l’économie intérieure de la Corée du Sud. En effet le pays a connu une baisse imprévue de la consommation intérieure et bien que celle-ci ne soit pas le moteur principal de l’économie nationale, cela pourrait affecter la reprise durable de la croissance économique[6].
La réussite des réformes structurelles ainsi que des mesures adoptées pour faire baisser la dette des ménages et des entreprises publiques, mais aussi la capacité du gouvernement à gérer le contrecoup économique du désastre du Sewol sont pour Moody’s les clés d’une économie coréenne saine et d’une croissance de long-terme. Si la Corée y parvient, les Sud-Coréens auront en 2018 un niveau de vie supérieur aux Français ou Japonais qui pourraient peut-être prendre exemple sur le plus puissant des dragons asiatiques.
Enora Pollet
Crédit photo : Kennymatic
[1] Moody’s Investor Service, « Korea : Economic growth fundamentals remains strong despite challenges », 9 Juin 2014
[2] Sébastien Falletti, « 474, le plan qui doit booster la croissance de la Corée du Sud », Le Figaro, 26 Février 2014
[3] Lee Tae-Kyung, Kim Jung-yoon, “474 plan a stretch, economists say”, Korea Joongang Daily, 14 Janvier 2014
[4] Ibid
[5] William Pesek, “South Korea’s Wildly Plausible Growth Plan”, Bloomberg View, 3 mars 2014
[6] « Après la tragédie du ferry, la Corée s’interroge sur son miracle économique », AFP, 18 mai 2014
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