La crise vient du Grec… (1°)
Fondapol | 10 septembre 2012
Le mot « crise » est dérivé du verbe grec krinein, qui signifie « juger » – terme tiré du champ médical. Parler de « crise » revient donc à considérer la société comme un corps qui aurait ses propres affections. La crise est le moment où les symptômes se dévoilent. Loin d’être absurde ou arbitraire, elle est fondamentalement féconde en ce qu’elle permet de déchiffrer les causes adjacentes de la maladie, de la diagnostiquer afin de penser à un remède. Précisément, le jugement permet de s’orienter et de pallier la débilité du corps.
Rien n’est plus angoissant que de ne pas pouvoir poser un jugement, de n’avoir aucun critère, pour identifier le mal qui nous affecte. Point de basculement de l’histoire, la crise nous responsabilise et nous oblige à l’avenir. Le terme de crise, qui faisait initialement référence au corps humain, renvoie à partir du XIXème siècle au corps social. La société devient, par analogie, un organisme vivant. C’est à cette époque que se constituent les sciences sociales et que la doctrine économique se renforce ; ces nouveaux médecins au chevet de la modernité réfléchissent aux fonctionnements et dysfonctionnements de la société.
Les crises deviennent bien plus problématiques lorsque nous ne sommes plus en mesure de les diagnostiquer, et qu’elles laissent l’homme dans l’incapacité à s’orienter. Alors il s’agit d’innover, comme l’entend le philosophe Thomas Kuhn : il faut ouvrir un paradigme plus fécond pour interpréter le problème et le résoudre. Face à l’inexpliqué, il faut penser « outside the box ». En un sens, quand la crise est en crise, il est temps d’innover.
François Dorléans, étudiant à Sciences Po Paris,en stage à la Fondation pour l’innovation politique.
Références :
Luc Ferry, Révolution des valeurs et mondialisation, Fondation pour l’innovation politique. Janvier 2012. http://www.fondapol.org/etude/pensee-valeurs/revolution-des-valeurs-et-mondialisation-luc-ferry/
Alain Rey (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Le Robert. Octobre 2011.
Aucun commentaire.