La France des villes vire à droite
26 mars 2014
La France des villes vire à droite
Les forces de droite s’imposent largement dans la France des villes[1] au premier tour des élections municipales du 23 mars. Elles recueillent 55,9% des suffrages et arrivent en tête dans six localités sur dix.
Rapports de force au premier tour des municipales de 2014
157 villes de notre panel ont accordé la majorité de leurs voix aux listes de droite au premier tour des élections municipales du 23 mars ; 107 d’entre elles ont voté à plus de 60% à droite, 54 autres à plus de 70%, 25 à plus de 80% et enfin quatre localités ont choisi la droite à plus de 90% : Saint-Leu, Neuilly-sur-Seine, Haguenau et Cannes. En revanche, les forces de droite réalisent moins de 20% des voix dans 15 villes de notre panel, majoritairement situées en Ile-de-France ou dans la France d’outre-mer.
La droite de gouvernement arrive en tête dans 102 municipalités, elle obtient 45,4% des suffrages sur l’ensemble du panel. Le Front national recueille 10,5% des voix et dépasse les 30% des suffrages à Perpignan (34,1%) et Fréjus (40,3%). A Béziers, la liste conduite par Robert Ménard et soutenue par le Front national obtient 44,8% des voix. Trente-trois localités ont accordé entre 20% et 30% de leurs suffrages à la formation de Marine Le Pen qui était cependant absente dans 92 municipalités de notre panel. Si l’on observe les seules villes où le Front national était présent, le parti recueille 14,7% des voix.
La France des villes a un peu moins voté pour la droite de gouvernement que l’ensemble des Français (- 1,1 point) mais deux fois plus pour le Front national (+ 6 points). Elle reste également davantage à gauche que l’ensemble de l’Hexagone (+ 3,8 points).
Quatre-vingt-huit villes de plus de 30 000 habitants ont accordé plus de 50% de leurs suffrages à des listes de gauche au premier tour du scrutin municipal. Celles-ci recueillent au total 41,5% des voix[2]. Treize villes, majoritairement situées en région parisienne ou outre-mer, ont accordé plus de 80% de leurs suffrages à la gauche : Cayenne, Malakoff, Bagnolet, Montreuil-sous-Bois, Tremblay-en-France ou Neuilly-sur-Marne. En revanche, cette tendance politique ne dépasse pas 20% des suffrages dans 26 villes de notre panel.
L’extrême gauche recueille 2% des voix en moyenne dans la France des villes. Elle réalise cependant des résultats élevés à Rezé (18,1%), Pontault-Combault (14,2%), Saint-Brieuc (12,7%) et Tours (11,5%). Elle dépasse les 5% des voix dans 29 villes mais était absente de 45% des localités de notre panel.
La participation a été nettement inférieure dans les villes de plus de 30 000 habitants à celle enregistrée au niveau national : – 10,4 points. Tout juste un peu plus de la moitié des électeurs se sont déplacés pour choisir leurs représentants locaux : 53,2% pour près des deux tiers des Français (63,6%).
Evolution du rapport de forces politique 2008 et 2014
Comparons maintenant les résultats du premier tour des élections municipales de 2014 avec les précédentes de 2008.
Les forces de gauche ont nettement reculé (- 9 points) au profit de celles de droite[3] qui enregistrent une progression de 13,5 points. La baisse de la gauche atteint plus de 25 points dans 9 localités : Boulogne-sur-Mer, Saint-Pierre, Niort (qui a d’ailleurs basculé à droite pour la première fois depuis 60 ans dès le premier tour de scrutin), Clichy, Liévin, Fort-de-France, Haguenau, Grasse et Draguignan. Ce recul dépasse 15 points dans 54 villes.
La progression tient en grande partie à la hausse de l’extrême droite, qui augmente son résultat de 2008 de 9,1 points tandis que la droite de gouvernement progresse de 4,4 points. La hausse de la formation de Marine Le Pen s’explique quant à elle notamment par l’offre politique : en effet, le parti présentait 597 listes le 23 mars, soit plus de cinq fois plus que six ans auparavant.
Le Front national enregistre une progression de 29,6 points à Six-Fours-les-Plages ; 29,1 à Istres ; 27,8 points à Fréjus ; 26,9 points à Perpignan ; 19,9 points à La Seyne-sur-Mer et encore 16,9 points à Carcassonne.
Enfin, la participation est en très net recul dans la France des villes en 2014, elle baisse de 22 points par rapport à 2008. Elle chute de plus de 20 points dans 186 municipalités et de plus de 30 points dans seize autres, souvent situées dans la banlieue de Paris ou de Lyon : Evry, Villeurbanne, Saint-Martin d’Hères, Vaulx-en-Velin, Stains, Pontault-Combault, Vitry-sur-Seine, La Courneuve, Créteil, Vénissieux, Cergy, Tremblay-en-France, Roubaix, Neuilly-sur-Seine, Saint-Herblain et Ivry-sur-Seine.
Résultats de l’ensemble des villes de plus de 30 000 habitants
au premier tour des municipales de 2008 et à celui de 2014
(en %)
Municipales 2008 |
Municipales 2014 |
|
Participation |
74,4 |
53,2 |
Extrême gauche |
2,8 |
2 |
Gauche |
47,7 |
39,5 |
Total gauche |
50,5 |
41,5 |
Droite |
41 |
45,4 |
Extrême droite |
1,4 |
10,5 |
Total droite |
42,4 |
55,9 |
L’importante chute de popularité de la gauche au pouvoir, au niveau national et dans la majorité des villes de plus de 30 000 habitants, a indéniablement bénéficié à la droite lors du premier tour de scrutin. Elle explique également en partie la forte hausse de l’abstention, notamment semble-t-il des anciens électeurs de gauche. L’opposition devrait, selon toute vraisemblance, confirmer sa poussée le 30 mars prochain et le second tour des élections municipales permettre un rééquilibrage droite/gauche dans la France urbaine.
Corinne Deloy
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