La lassitude des Turcs à l’égard de l’Union européenne

Fondapol | 02 septembre 2014

02.09.14La lassitude des Turcs à l’égard de l’Union européenne.

Alors que le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne est toujours en cours, les Européens ne semblent pas prêts à intégrer cette population en son sein. Les Turcs eux-mêmes commencent à prendre leur distance vis-à-vis de cette Union qui les rejettent et dont le traitement, est, pensent-ils, différent de celui des autres pays candidats. Ainsi, en 2013, seuls 38% de la population turque estime que l’adhésion serait une bonne chose pour leur pays quand 37% juge, à l’inverse, qu’elle constituerait une mauvaise chose. Toutefois, en 2013, 52% des Turcs restent favorables à leur entrée dans l’Union européenne bien que seul 17% d’entre eux croient en la possibilité d’adhésion[1]. Ce chiffre est en forte baisse si l’on compare à la décennie précédente où près de 73% d’entre eux y étaient favorables[2] !

C’est principalement au sein de la jeunesse turque que les doutes se cristallisent. Ainsi, en 2011, ils étaient 62% à ne pas avoir confiance en l’Union européenne, chiffre en constante progression… Certains jeunes distinguent davantage d’inconvénients à intégrer l’UE que d’avantages : l’économie européenne est en berne quand la leur est florissante, la dévaluation de l’euro symbolisé par l’exemple grec les effraie. De surcroît, ils craignent un certain rejet au sein de l’UE du fait de l’importance quantitative de leur population et de la religion musulmane présente à 98% dans leur pays.

Une fatigue de l’Europe voit le jour. Il faut rappeler que, depuis 1963, la Turquie a signé un partenariat d’association avec l’UE et qu’en 1987 elle a déposé sa candidature. Un sentiment d’injustice règne au sein de cette population qui se sent humiliée : elle est allée plus loin dans les réformes requises par l’Union que les PECO[3] suite à l’effondrement du communisme dans les années 1990 ; elle a, depuis les commencements de la construction européenne, désiré intégrer cet espace, et pourtant les négociations lancées en 2005 peinent à avancer… Si l’Union européenne n’adopte pas une réponse claire à l’égard de ce pays, celui-ci risque de se détourner de l’Occident pour se rapprocher de son autre voisinage immédiat : le Moyen-Orient, virage opéré ces deux dernières années par le régime AKP de Tayyip Erdogan[4].

Par Margaux Magalhaes, stagiaire à la Fondapol

[1] D’après l’Eurobaromètre 2013.

[2] Pauline Sauvage, « Les Turcs croient-ils encore à l’Union européenne ? », le Taurillon, 26 mars 2013.

[3] PECO ou pays d’Europe centrale et orientale.

[4] Le parti AKP, ou le parti pour la Justice et le Développement, est le parti au pouvoir en Turquie depuis 2002. Il se définit comme islamo-conservateur et se situe au centre de l’échiquier politique turc.

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