« La prise de distance avec les dogmes religieux est un exercice légitime »
Fondapol | 20 novembre 2014
« La prise de distance avec les dogmes religieux est un exercice légitime »
Par Malik Bezouh
Le présent article est issu d’un commentaire de Malick Bezouh qui fait suite à une tribune de Pascal Bruckner, publiée dans Libération et sur le site de la Fondation pour l’innovation politique, intitulée «L’invention de « l’islamophobie ».
La remise en cause de l’islam, en tant que religion, est pleinement justifiée et, à ce titre, l’on a tout à fait le droit de poser un regard critique sur l’islam, à l’instar du baron d’Holbach, fustigeant au XVIIIe le christianisme et ses effets « funestes », ou de Volney assimilant le legs judéo-chrétien à un résidu de « fanatisme juif ».
Bref, la prise de distance avec les dogmes religieux, quels qu’ils soient, est un exercice légitime, à condition, toutefois, d’éviter les excès dans la formulation du discours critique ; excès qui ne peuvent qu’attiser les passions et discréditer son auteur, de surcroit.
En réalité ce qui pose problème, aujourd’hui, en France, ce sont certaines expressions radicales de l’islamophobie. Visant essentiellement des femmes portant le foulard, ces accès d’hostilités, inquiétants, vont de la simple insulte, parfois accompagnée de propos à caractère raciste, à l’acte violent (crachat, geste déplacé, coup, etc.).
Aussi, il n’est nullement question de créer un « nouveau délit d’opinion » en remettant en cause la critique de l’islam qui passe par le droit de poser un regard d’Holbachien sur cette religion. Mais sachons faire la part des choses entre l’islamophobie savante, raisonnée, réfléchie et légitime et l’islamophobie haineuse dont l’objet n’est nullement la dénonciation argumentée d’une religion, chose à laquelle s’était attelée Volney, mais plutôt la stigmatisation de celui qui en est porteur : le musulman.
En résumé, nous disons deux choses. Tout d’abord, il est tout à fait possible de développer une islamophobie « cérébrale », fille légitime de la passion anticléricale française, à laquelle ne pourra échapper l’islam de France, preuve au reste, du déclenchement d’un certain processus d’intégration de l’islam à la culture française. Au surplus, il n’est pas exclu d’inclure les musulmans à cette islamophobie savante dès lors que celle-ci est accompagnée d’une bonne pédagogie. En second lieu, il faut dénoncer l’islamophobie « reptilienne », quasi primitive, véhiculant la stigmatisation, le rejet et la haine de l’autre.
Crédit photo : OuadiO
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