Le double défi de la croissance et de la démographie en Afrique subsaharienne
Fondapol | 10 septembre 2014
Le double défi de la croissance et de la démographie en Afrique subsaharienne
Croissance et pauvreté
En Afrique sub-saharienne (48 pays et 960 millions d’habitants) les années 2000 sont marquées par un retour important de la croissance. Après vingt ans de déclin économique (1975-1995), la part des exportations mondiales ne cesse d’augmenter, ainsi que le PIB par tête (1500$ au début des années 2000, 2102$ en 2012). Toutefois, ce retour à la croissance n’a paradoxalement pas de grande influence sur la diminution de la pauvreté. Le niveau de vie des populations reste faible dans de nombreux pays, ainsi que l’accès à l’éducation et les inégalités de sexe.
Le rapport 2012 sur les Objectifs du millénaire du développement, liste les principales raisons de la faible réactivité de la pauvreté à la croissance : l’importance des inégalités (de revenu, mais aussi d’accès au service de santé et d’éducation), la faiblesse des infrastructures, les liens limités entre les secteur des matières premières et le reste de l’économie, le manque d’accès au crédit et à la protection sociale en plus de l’importance de la corruption dans les domaines économiques et politiques. Ainsi dans cette région du monde, d’après les estimations de la Fosu (2011), l’élasticité de la pauvreté par rapport à la croissance est la plus forte jamais enregistrée. En moyenne une hausse de 1% du PIB donne lieu à une baisse de 1,36% de la pauvreté, par comparaison cette baisse est de 2% en Asie du sud ou encore de 3% en Amérique Latine – Caraïbes.
Démographie
Malgré les difficultés de l’Afrique sub-saharienne à surmonter la pauvreté et le faible niveau de vie, cette partie du continent reste pleine d’espoir. En effet, sa croissance démographique est en pleine explosion. Avec un taux annuel moyen de 2,7% elle marque une divergence nette avec le reste du monde, dont la moyenne est de 1,2% (excepté le Moyen-Orient 2,5%). En 2014 sa population s’élève à 960 millions d’individus, ce qui constitue 13% de la population mondiale, un poids équivalent à celui de l’ensemble de pays d’Europe et CEI. D’ici trente ans, elle représentera 20% de la population mondiale (selon les prévisions des Nation Unies).
Ce boom démographique s’explique par une fécondité qui peine à diminuer, et pour causes, le niveau élevé de la mortalité infantile, le faible niveau d’instruction des femmes ou encore la persistance des régimes de nuptialité traditionnels (entée en union précoce, polygamie, remariage fréquent). Ainsi l’Afrique sub-saharienne a une population jeune, qui connaitra un écart positif entre la croissance de la population en âge de travailler et celle de la population totale, avec toutes les implications positives que cela peut impliquer pour l’économie. Toute fois ces effets sur l’économie dépendront de la possibilité des jeunes de l’accès à l’éducation et à l’emploi.
Education
De ce fait l’éducation est une source de préoccupation pour les pays de l’Afrique sub-saharienne. Avec l’adoption de la déclaration du Millénaire en 2000, 189 Etats se sont engagés à atteindre huit objectifs de l’engagement d’ici 2015. Parmi eux se trouve notamment l’achèvement du cycle primaire et l’accès égalitaire à l’éducation. L’engagement a été suivi d’une hausse des dépenses publiques d’éducation en Afrique sub-saharienne. Ces efforts se sont traduits par un progrès significatif, le taux d’achèvement du cycle primaire étant passé de 52% à 69% en trente ans, dans l’ensemble de la région. De plus on constate une nette amélioration de l’accès à l’éducation des jeunes générations, autant dans le primaire que dans le secondaire te le supérieur. Néanmoins, les inégalités de sexe persistent. Moins marquées dans l’enseignement primaire, mais très fréquents dans les enseignements supérieurs, en témoigne la surreprésentation des hommes.
Ainsi, la croissance économique et démographique sont des opportunités qui pourraient se transformer en atout pour l’Afrique sub-saharienne, à condition notamment que la main d’œuvre africaine soit suffisamment qualifiée. Pour ce faire, l’accès à l’éducation, encore faible et inégalitaire, doit rester une priorité dans cette région du monde.
Alice Tiounine
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