Le « martyr inconnu » d’Idron : enfin une identité ?

Fatoumata Cissé | 30 avril 2015

CimetièreLe « martyr inconnu » d’Idron : enfin une identité ?

Par Fatoumata Cissé

Il y a bientôt soixante-dix ans, la ville d’Idron, commune rurale des Pyrénées-Atlantiques, fut le théâtre d’un crime de guerre commis par l’armée allemande. Le 15 juin 1944, dans le bois du Lanot, cinq hommes sont fusillés après avoir été forcés de creuser leurs propres tombes. Les victimes étaient Michel Loustau, Louis Mourlhon, Pierre Cotonat, René Amiel, et un cinquième individu dont l’identité n’a pu être identifiée : le « martyr inconnu » d’Idron.

Ce dramatique mystère est peut-être en passe d’être résolu par Éric Amouraben, un policier palois qui, au cours de son enquête menée sur le parcours de résistant de son grand-père, a été conduit sur les traces du fusillé d’Idron[1]. Dès 2009, il s’intéresse à la théorie commune exposée depuis le drame : la cinquième victime serait « un réfugié espagnol venu combattre le fascisme » sur le territoire français. Mais, au fur et à mesure des investigations, l’enquêteur éloigne cette hypothèse et en décèle une autre, plus plausible.

Grâce au temps passé à scruter minutieusement les archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, il  découvre que la victime se prénommerait Georges Coran et travaillait  pour sa cousine, Adèle Pabon-Labeyrie, dans la région de l’Adou.  Ainsi en 2012, Éric Amouraben a pu retrouver le petit-fils de Georges Coran, qui lui a confié que la fille du fusillé a passé toute sa vie à rechercher son père.[2]

Avec une motivation et une persévérance incommensurable, le palois a sans doute résolu l’énigme qui hantait Idron, et plus largement, la France entière. Il faudra cependant patienter jusqu’à la  sortie des résultats ADN, effectués le mardi 28 avril 2015, après exhumation du corps, pour confirmer la conclusion du policier[3].

Cette révélation nous rappelle notre devoir de mémoire envers les fusillés de la Seconde guerre mondiale. C’est le  sens du dictionnaire biographique, intitulé, Les fusillés (1940-1944),[4] qui va paraitre le 4 mai 2015  et pour lequel la Fondation pour l’innovation politique est partenaire. Cet ouvrage poignant, relate les biographies d’hommes et de femmes fusillés en France entre 1940 et 1944. Fruit d’un exceptionnel travail d’historiens, cet ouvrage rend aux fusillés de la Seconde Guerre mondiale un hommage citoyen. Il permet qu’ils restent présents dans nos mémoires, et qu’ils le deviennent auprès de celles des générations à venir.

[1] http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/04/27/01016-20150427ARTFIG00351-70-ans-apres-le-dernier-fusille-d-idron-va-retrouver-son-identite.php

[2] http://www.sudouest.fr/2013/10/06/sur-les-traces-du-martyr-inconnu-1190466-4470.php

[3] http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/04/27/01016-20150427ARTFIG00351-70-ans-apres-le-dernier-fusille-d-idron-va-retrouver-son-identite.php

[4] Les fusillés (1940 – 1944). Dictionnaire biographique publié sous la direction de Claude Pennetier, Jean-Pierre Besse, Thomas Pouty, et Delphine Leneveu. Les Éditions de l’Atelier, sortie le 4 mai 2015.

Crédits photo : Robzor / Pixabay /  CC0 Public Domain

 

Commentaires (0)
Commenter

Aucun commentaire.