L’extrême pauvreté a considérablement diminué dans le monde. Pourquoi personne n’en parle ?
Fondapol | 23 juin 2014
L’extrême pauvreté a considérablement diminué dans le monde. Pourquoi personne n’en parle ?
Dans son rapport « Prosperity for all » [1] publié en avril 2014, la Banque Mondiale révélait que l’extrême pauvreté (personnes vivant avec moins de 1.25$ par jour) était passée de 36% de la population mondiale en 1990 à 16% en 2010. Une baisse impressionnante et notable qui a permis d’atteindre, avant terme, l’objectif du millénaire des Nations Unies qui visait à réduire de moitié l’extrême pauvreté en 2015.
Cette diminution s’accompagne d’effets positifs pour les populations (meilleure santé et bien-être), ce qui témoigne d’une grande réussite. Alors pourquoi l’Occident en parle si peu ? La principale raison relève probablement d’une très grande inégalité des progressions entre les régions de la planète[2] (cf. graphique).
Si les chiffres démontrent que l’extrême pauvreté a diminué de moitié en 20 ans, dans les vieux pays développés, notamment aux Etats-Unis, l’opinion publique a le sentiment de vivre une tendance inverse. Les Américains ont en effet assisté ces dernières années à un enrichissement des plus riches, leurs revenus ayant doublé sur la période, tandis que la situation des plus pauvres a stagné.
Le paradoxe est donc que les inégalités ont tendance à légèrement augmenter dans les pays occidentaux pendant qu’elles se réduisent fortement ailleurs dans les pays en développement et émergents. C’est le cas de la région d’Asie de l’Est-Pacifique où le développement des économies a été moteur de progrès : passage de 600 millions de personnes dans une pauvreté extrême en 1990 à 200 millions en 2010[3].
Certains pays restent cependant confrontés à des situations d’extrême pauvreté. L’économiste Paul Collier explique ainsi que le « milliard du bas »[4] se concentre à 70% en Afrique, mais aussi à Haïti, au Yémen et en Birmanie. Ces pays sont en quelque sorte « piégés » dans une situation de pauvreté de laquelle ils n’arrivent pas à sortir à cause de problèmes spécifiques : guerre civile, enclave économique, mauvaise gouvernance…
La croissance économique a permis de changer le monde. On serait passé d’ « 1/6ème de riches et 5/6ème de pauvres » à « 1/6ème de riches, 2/3 de OK et 1/6ème de pauvres » d’après un Niall Ferguson, journaliste du New York Times[5]. Face à ces améliorations, le Groupe de la Banque Mondiale ne souhaite pas s’arrêter en si bon chemin… Il s’est fixé deux nouveaux objectifs ambitieux[6] : réduire l’extrême pauvreté à 3% de la population mondiale en 2030, et promouvoir une prospérité partagée en favorisant la croissance du revenus des 40% les plus pauvres. Selon Jim Yong Kim, president de la Banque Mondiale, « we will now drive forward with what we hope will be a signal achievement in human history »[7].
Marine Caron
[1]Prosperity for all : ending extreme poverty, World Bank, printemps 2014
[2] Alex Mayyasi, Extreme poverty has dropped in half since 1990, Priceonomics, 4 juin 2014
[3] Jean-Laurent Cassely, La reduction de la pauvreté extreme dans le monde est une bonne nouvelle. Pourquoi l’Occident en parle-t-il si peu ?, Slate, 5 juin 2014
[4] Expression tirée de son ouvrage « Bottom Billions ».
[5] Niall Ferguson, The least among us, The New York Times, 1er juillet 2007
[6] Mettre fin à l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée, http://www.banquemondiale.org/fr
[7] Prosperity for all : ending extreme poverty, http://www.worldbank.org/en
Nous allons maintenant avancer avec l’espoir que ces objectifs aboutiront à une réalisation remarquable dans l’histoire de l’humanité.
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