Opération MATE : quand l’ETA se rappelle au bon souvenir des Espagnols
Jean Freysselinard | 10 février 2015
Opération MATE : quand l’ETA se rappelle au bon souvenir des Espagnols
L’ETA a beau avoir annoncé un cessez-le-feu en 2010 et en 2011 la fin définitive de son action armée, l’organisation n’a pas pour autant disparue de la vie politique espagnole.
Après des années de terrorisme et 829 victimes, l’organisation séparatiste basque fait aujourd’hui encore l’objet de nombreuses poursuites judiciaires qui lui permettent de garder une place de choix dans les médias espagnols.
Au terme d’une longue enquête, la justice a ainsi récemment arrêté 12 avocats liés à l’organisation lors de « l’opération MATE. » Il leur est reproché d’avoir caché 1,3 million d’euros au fisc espagnol au bénéficie du réseau de soutien aux prisonniers de l’ETA dans les prisons espagnoles. Pour garder le contrôle sur ses membres emprisonnés, l’organisation a en effet développé un réseau tentaculaire de soutien par le biais de soins médicaux gratuits, de conseils juridiques mais également d’importants soutiens financiers. Cet argent était collecté auprès des sympathisants et grâce aux activités des « taverne basques » liées à l’organisation et implantées un peu partout dans la région. Ce soutien impliquait de la part de prisonniers le respect d’une certaine discipline en prison et un soutien sans faille au réseau et à l’organisation.
Dénonçant une persécution et un acharnement à son égard, l’ETA s’est offerte une belle tribune dans l’ensemble des médias espagnols. Surfant sur la thèse du complet, l’organisation a vu dans cette opération, une volonté de l’Etat espagnol de déstabiliser la défense de ses partisans à quelques semaines de l’ouverture du procès de dirigeants du parti politique Batasuna (l’une des figures officielles de l’indépendantisme basque.)
Alors que bons nombres d’Espagnols pensaient en avoir définitivement fini avec l’organisation, ce nouveau coup de filet médiatique montre, une fois de plus, que l’organisation tentaculaire bien qu’affaiblie a survécu aux arrestations répétées des dirigeants successifs de son appareil politique et militaire.
Le chemin de la pacification sera donc encore long et semé d’embuches. Avec 271 affaires restant à juger et 349 victimes en attente d’un procès, les Espagnols n’ont malheureusement pas fini d’entendre parler d’ETA.
Crédits photos : / Juzgao de Balmaseda
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