Pourquoi les fonctionnaires font-ils autant de politique?

Fondapol | 18 juin 2011

[2]. Pour un statut de l’élu Enfin, ce bref aperçu sur les rapports entre politique et administration conduit nécessairement à souhaiter que soit défini, en France, un vrai statut de l’élu. A compétences égales, les fonctionnaires disposent en effet d’un avantage décisif par rapport aux salariés du privé quand ils souhaitent passer le pas de l’engagement en politique : la sécurité de l’emploi, ou du moins la certitude d’en retrouver un rapidement en cas d’échec. Pourquoi ne pas assurer aux salariés du privé des facilités pour qu’ils puissent, eux aussi, s’engager ? Doit-on se résoudre à ce que notre Parlement ne soit composé que de fonctionnaires ou d’indépendants (avocats, médecins, pharmaciens, agriculteurs, chefs d’entreprise) ? Le statut de l’élu n’est pas un thème populaire, car les citoyens y voient une façon, pour les responsables politiques, de se garantir de nouvelles prébendes. Mais nous faisons le pari que les Français en comprendraient la nécessité, pour peu qu’on lie ce projet à une loi de réduction drastique du cumul des mandats et des fonctions. Simple rouage en temps normal, contre-pouvoir des temps d’exception La notion de devoir de réserve des fonctionnaires pose donc de nombreuses questions à la fois à la recherche en sciences humaines et aux citoyens. Elle mériterait enfin d’être repensée en profondeur et dans le consensus par les autorités politiques, afin que les services de l’Etat redeviennent, en France, ce qu’on peut attendre d’eux dans un grand pays démocratique : un rouage au service de la volonté politique, qui ne fait pas écran entre le pouvoir et les citoyens, mais à qui incombe, en temps de guerres ou de dérive autoritaire, la responsabilité de s’ériger en discret contre-pouvoir. David Valence (précision paradoxale : l’auteur est lui-même fonctionnaire)

 


[1] La nécessité de démocratiser l’accès aux postes administratifs de responsabilité fut un des arguments avancés par Andrew Jackson pour remplacer de nombreux fonctionnaires fédéraux aux Etats-Unis, après son élection à la présidence, en 1828. [2] Laurent Joly, L’antisémitisme de bureau. Enquête au cœur de la préfecture de Police de Paris et du commissariat général aux Questions juives (1940-1944), Paris, Grasset, 2011.   Crédit photo, Flickr: galad.nikov

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