Réformistes de tout bord politique, unissez-vous derrière la «Loi Macron»!
Fondapol | 19 décembre 2014
Réformistes de tout bord politique, unissez-vous derrière la «Loi Macron»!
Par @Matthieu Montjotin, avec @Hémisphère Droit
Bien qu’elle ait été annoncée depuis longtemps, la montée de tension que provoque le projet de loi pour la croissance et l’activité, dite «Loi Macron», reste très surprenante. En effet, la simple annonce d’un projet qui autorise, entre autre, de travailler 7 dimanches de plus dans des zones ciblées et qui favorise la concurrence dans quelques secteurs semble avoir entrainé une déflagration dans toute la classe politique. Ainsi, se sont associées pour dénoncer cette «loi Macron» la vieille garde du PS emmenée par Martine Aubry et Anne Hidalgo, qui prennent peur face à toute idée de liberté ou de responsabilité et la frange conservatrice et corporatiste de l’UMP, que représentent si bien Henri Guaino et Nadine Morano. Seul Emmanuel Macron va réussir l’exploit de faire défiler Jean-Luc Mélenchon avec des huissiers et des notaires!
La loi Macron, aseptisée pour avoir un espoir de réunir une majorité, ne s’attaque qu’à un centième des blocages de notre pays
Il y a quelque chose de disproportionné dans le battage médiatique qu’entraine la «Loi Macron» tant elle ne s’attaque qu’à un centième des blocages du système économique de notre pays. En effet, la rente, ce mécanisme d’accumulation de richesse par des individus ne fournissant en retour pas l’effort équivalent au revenu perçu, est un véritable cancer qui gangrène notre société. Ainsi Jean-Marc Daniel, dans l’Etat de connivence, montre comment de nouveaux comportements rentiers se sont très largement développés au sein de notre économie: professions réglementées, fonction publique, détenteurs de dette publique, banques – profitant du «too big to fail».
Or Emmanuel Macron n’en menace que quelques unes: les notaires en libéralisant leur installation, les commissaires-priseurs et les huissiers, contraints de fusionner, les sociétés d’autoroutes, les grandes surfaces et enfin la SNCF par la libéralisation du réseau d’autocars. On est donc encore loin de la bataille en règle contre l’ensemble des rentes puisque le ministre de l’économie a dû aseptiser la loi pour garder l’espoir de réunir une majorité derrière celle-ci.
En effet, une lutte contre l’ensemble des rentes serait en réalité une refonte complète de notre système économique et social. Ce n’est pas pour demain.
Au delà de la faible ampleur, du projet de loi, les députés de l’opposition ne se privent de critiquer son caractère très «fouilli». En effet, elle mélange la réforme des prud’hommes, la réforme de l’épargne salariale et de l’actionnariat salarié et des modifications visant à accentuer la concurrence dans des professions et des domaines ciblés.
Ampleur limitée, lutte contre seulement quelques rentes arbitrairement choisies (des corporations qui sont majoritairement en dehors de l’électorat socialiste), confusion et bazar au sein d’une réforme, autant de raisons pour les parlementaires de l’opposition de critiquer le projet de Loi Macron.
Cependant le discours qui porte le projet de loi a quelque chose de très novateur: Emmanuel Macron se place sur le terrain des libertés, des droits individuels
Cependant, le discours qui porte cette réforme a quelque chose de très novateur. En effet, il montre une certaine détermination de l’Etat face à des comportements rentiers. En avançant au nom de l’intérêt général, le gouvernement fait peser une menace au dessus de nombreuses professions rentières. Ainsi, lors de la conférence de presse du 10 décembre dernier, Manuel Valls déclarait «Tout le monde doit accepter de changer ce qui pénalise l’activité […] même si cela bouscule des intérêts particuliers et des corporatismes.»
Mais c’est Emmanuel Macron qui tient les propos les moins conventionnels au sujet de son projet de loi. Contrairement à la façon dont avait été présentée le rapport Attali en 2008 – dont il était par ailleurs le rapporteur – il ne se cantonne pas à lui donner une ambition économique, et la présente comme un moyen de grappiller quelques dixièmes de points de croissance pour boucler le budget, ce à quoi les Français ne croient plus tant la réforme est minime dans son ampleur. Non, le ministre de l’économie se place aussi sur le terrain des libertés, des droits individuels. Il déclarait ainsi le 10 décembre: «Nous n’enlevons pas de droit, nous recréons parfois des droits et d’accès pour d’autres». En effet, la loi pour la croissance et l’activité oeuvre pour des droits individuels: droit à choisir son métier, droit à s’installer librement, droit à choisir ses jours de travail…
C’est pourquoi, si on peut être déçu du fond de la réforme, vidée de son contenu face aux pressions du PS, sa forme reste ambitieuse. Par un discours qui place au centre la liberté d’entreprendre et qui fustige les corporatismes et les mécanismes rentiers hérités, symboles des déficiences de notre système économique et social, Emmanuel Macron et Manuel Valls mènent un mouvement allant clairement dans le sens de la réforme. Ce que n’a jamais réussi à faire la droite pendant ses 10 dernières années au pouvoir. Ainsi l’argument du «ça ne va pas assez loin» qu’ânonnent de nombreux parlementaires UMP et UDI devient à la fois insupportable et irresponsable.
L’argument du «ça ne va pas assez loin» qu’ânonnent de nombreux parlementaires UMP et UDI devient à la fois insupportable et irresponsable.
Insupportable d’abord tant les hommes politiques de droite semblent formatés par une forme de bipartisme primaire qui leur impose de s’opposer à toute réforme d’un gouvernement de gauche. Certes, la réforme territoriale n’est pas à la hauteur du défi mais elle a le mérite de lancer la rénovation de notre système administratif, ce que n’a jamais réussi à faire la droite. Cette opposition systématique devient même parfois grotesque. Ainsi, Bruno Le Maire, héraut du non-cumul des mandats, vota contre la loi interdisant le cumul d’un mandat parlementaire avec une fonction exécutive locale prétextant…qu’elle n’allait pas assez loin. Il écrivit sur son blog « Je fais partie de l’opposition. Ce qui pour moi veut dire proposer bien sûr. Ce que je fais. Mais aussi et surtout, je ne veux pas faire le jeu de la confusion des partis qui nourrit le discours des extrêmes. Non, l’UMP et le PS, ce n’est pas la même chose.» Tout est dit.
Face aux difficultés qu’a Manuel Valls à réunir une majorité derrière la Loi Macron, les parlementaires réformistes de droite et du centre se doivent de soutenir le gouvernement.
Irresponsable ensuite étant donné que la France est engluée dans une crise profonde dont elle est semble incapable de sortir. Les parlementaires réformistes de droite et du centre doivent faire preuve de responsabilité tant l’action publique est nécessaire et décisive pour l’avenir de notre pays. Face aux difficultés qu’a Manuel Valls à réunir une majorité derrière la Loi Macron, ils se doivent de soutenir le gouvernement. Une telle attitude ne signifierait en rien une soumission de l’opposition. Au contraire, elle pourrait constituer un moyen de pression pour inciter le gouvernement à aller plus loin dans ses réformes structurelles.
Alors, parlementaires réformistes de droite, du centre, de gauche, de tout bord politique, unissez-vous, soutenez la Loi Macron!
Crédit photo : Ministère de l’Économie
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