Un an après le référendum écossais : retour sur une fragile "dévolution"

Pauline Minaud | 18 septembre 2015

ecosse référendumUn an après le référendum écossais : retour sur une fragile « dévolution »

Par Pauline Minaud

Le 18 septembre 2014, les Écossais ont dit non à 55,4% à la question « l’Écosse devrait-elle être un pays indépendant ? ». La décision de tenir ce troisième référendum sur le statut de l’Écosse au sein du Royaume-Uni (après ceux du 1er mars 1979 et du 11 septembre 1997) avait été prise conformément à l’accord d’Édimbourg signé le 15 octobre 2012 par le Premier ministre britannique David Cameron et le Premier ministre écossais Alex Salmond.

Des premiers pas hésitants

Malgré son échec au référendum, le Scottish National party (SNP), ce parti nationaliste est sorti vainqueur de cet épisode électoral : le score du « oui » à 44,6% était élevé et il a bénéficié de l’engouement, médiatique et populaire qui a nourri des débats passionnés dans tout le Royaume-Uni.

Le SNP est parvenu à transformer cette demi-défaite (ou demi-victoire) en véritable coup de maître. Il s’est emparé de 56 des 59 sièges de députés dévolus à l’Écosse lors des élections législatives du 7 mai dernier, soit 50 de plus qu’en 2010 ! Forte de son succès, Nicola Sturgeon a déclaré que le SNP allait « protéger les intérêts de l’Ecosse » et tout faire pour « mettre fin à la politique d’austérité » du gouvernement conservateur de David Cameron, alors fraîchement réélu[i].

C’est ainsi à l’issue de ces élections qu’est entré en vigueur le texte de « dévolution maximale », baptisé « devo max » et promis quelques jours avant le référendum par les grands partis traditionnels (conservateur, travailliste et libéral-démocrate) si l’Écosse se prononçait contre l’indépendance. Cet accord de dévolution, c’est-à-dire ce transfert de pouvoirs au parlement régional d’Edimbourg, porte notamment sur la collecte des impôts, leur utilisation et sur le système de protection sociale. Il a pourtant déçu le parti nationaliste, et en particulier N. Sturgeon, qui a estimé qu’il « ne représent-[ait] pas les vues du gouvernement écossais »[ii], notamment dans le domaine fiscal, fer de lance des revendications nationalistes écossaises.

Une Écosse, plus européenne et moins britannique

Pour son premier discours à Bruxelles en juin dernier, Mme Sturgeon a réaffirmé son souhait de rester dans l’Union européenne. Elle a en outre prévenu que l’Écosse exigerait  un nouveau référendum d’indépendance en cas de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne[iii]. La First minister a également posé une toute nouvelle exigence ; réclamant ainsi qu’en cas de majorité pour le non au référendum dans tout le Royaume-Uni, le pays ne puisse quitter l’Union européenne qu’à la condition que chacune des quatre nations – Angleterre, pays de Galles, Écosse, Irlande du Nord – se soit également prononcée en majorité pour le non. Implicitement, elle veut éviter que les Anglais (80 % de la population) n’« étouffent » [iv] les autres nations, selon un principe qui s’applique dans des pays fédéraux comme l’Australie et le Canada.

Cet attachement (intéressé ?) à l’Union européenne est également partagé par le peuple écossais. Les eurosceptiques ont récolté moins de 2% des voix aux élections du 7 mai, alors que sur l’ensemble du royaume, le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (Ukip) en a obtenu 13 %.

Vers un quatrième référendum ?

A. Salmond, ancien premier ministre d’Écosse, aujourd’hui simple député du Scottish National Party estime « inévitable » la tenue d’un quatrième référendum. Il impute celui-ci à la politique du gouvernement David Cameron, qui se refuse jusque-là à transférer « tout un catalogue de nouveaux pouvoirs à l’Ecosse » et qui, dans le même temps, poursuit « une politique d’austérité marquée par de nouvelles coupes dans les aides sociales »[v].

[i] http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/ecosse-les-56-deputes-du-snp-posent-fierement-pour-une-photo-de-famille-historique-09-05-2015-4758867.php

[ii] http://www.tdg.ch/monde/europe/Londres-devoile-son-plan-pour-l-avenir-de-lEcosse/story/23552121

[iii] http://www.la-croix.com/Actualite/Europe/Nicola-Sturgeon-veut-garder-l-Ecosse-au-caeur-de-l-Europe-2015-06-02-1318909

[iv] idem

[v] http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/07/26/l-ancien-premier-ministre-ecossais-juge-un-deuxieme-referendum-sur-l-independance-inevitable_4699358_3214.html

crédit photo: Marc Charbonné

 


À noter: les points de vue exprimés par les auteurs dans leurs papiers ne reflètent pas nécessairement les positions de la Fondation pour l’innovation politique et ne peuvent en aucun cas lui être systématiquement attribués. 


 

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