L’émergence pacifique de la Chine et le nouveau rôle de l’Asie
L’émergence de la Chine constitue, dans l’actualité internationale, l’un des sujets favoris de l’opinion publique. La montée en puissance de ce pays est-elle « une source de bonheur » ou, au contraire, « un foyer de malheur » pour l’Asie et les autres parties du monde ? Une alternative posée par Zheng Bijian, en introduction à une table ronde internationale, organisée par le China Reform Forum, en partenariat avec le Bo’ao forum for Asia et l’Asia Society, à laquelle participait Jérôme Monod qui livre ici ses commentaires, suivis des analyses de Joseph S. Nye et Wu Jianmin.Comme le souligne Zheng Bijian, la Chine est confrontée à trois défis : défi des ressources, défi de l’écosystème et défi de l’harmonisation socio-économique. A ces trois défis correspondent trois stratégies à mettre en œuvre sur le long terme pour réaliser l’émergence pacifique de ce grand pays. Selon cet orateur, l’unique choix possible pour la modernisation de la Chine est de faire la synthèse de ses politiques intérieure et extérieure et d’assimiler l’expérience internationale en fonction des spécificités nationales. Jérôme Monod est, lui aussi, d’accord sur le fait que la Chine a choisi une nouvelle méthode pour accéder à la scène mondiale et qu’elle a démontré, dans les faits, ce que peut être une « émergence pacifique ». Si les défis sans précédents auxquels ce pays est confronté peuvent susciter des interrogations, Jérôme Monod reste convaincu que la voie choisie est plus un sujet d’émulation que de crainte et s’inscrit en faux contre l’attitude souvent hostile des Etats-Unis. Un avis partagé par Joseph S. Nye pour qui la Chine en expansion est bien moins à craindre qu’une Chine faible, en proie à l’instabilité politique. Une émergence pacifique de ce pays promet de notables bénéfices à son peuple, à ses voisins ainsi qu’aux Etats-Unis. Enfin, Wu Jianmin, dans sa lecture attentive des analyses d’Eric Izraelewicz, salue l’action entreprise par Deng Xiaoping pour qui les deux maîtres mots étaient ouverture et réforme dont on connaît les résultats bénéfiques sur la croissance de l’économie chinoise. Autre héritage légué par ce grand politique chinois : la condamnation de l’hégémonisme, faite à l’ONU en 1974, expérience qui a montré dans l’histoire plus ou moins récente qu’elle se terminait toujours mal.
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