Les Européens et la crise

La dernière vague de l’eurobaromètre publiée en juillet 2012 nous donne des indications sur les perceptions de la crise économique par les citoyens européens. Premier enseignement, les Européens sont très pessimistes quant à l’éventualité d’une sortie de crise et d’une baisse du chômage.

Quand on leur demande s’ils envisagent une amélioration de la situation actuelle ou au contraire une accentuation de la détérioration du marché de l’emploi, 60 % des Européens déclarent que « le pire reste à venir ». Comme on le voit sur le graphique ci-dessus, un pic de pessimisme avait été atteint lors de la dernière vague de l’eurobaromètre à l’automne 2011 (68 %). Toutefois, il est impossible de dire si ce relatif regain de confiance de l’opinion traduit ou non une tendance lourde : la prochaine vague de l’eurobaromètre nous permettra certainement d’en savoir plus. Quoi qu’il en soit, force est de constater que ces premiers résultats masquent une réalité bien différente aux niveaux nationaux.

Ainsi, si 78 % des Portugais, 77 % des Grecs ou 72 % des Espagnols estiment que « le pire est à venir », ce n’est le cas que de 40 % des Bulgares, 42 % des Roumains ou encore 44 % des Estoniens. Les pays de l’est de l’Europe paraissent globalement plus confiants quant à l’éventualité d’une sortie de crise (on peut noter toutefois que 67 % des Slovènes sont inquiets soit l’un des taux les plus importants) tandis que les pays d’Europe occidentale sont généralement pessimistes, exception faite de l’Allemagne (54 %). Malgré cette peur de l’avenir très prégnante chez les Européens, on s’aperçoit pour autant que plus d’un Européen sur deux (52 %) soutient « une union économique et monétaire européenne avec une seule monnaie, l’euro ». Ce score, qui induit que la critique de la monnaie unique n’est pas systématique, est à mettre en relief avec les vagues précédentes de l’eurobaromètre, qui démontrent plutôt une tendance à l’augmentation de la défiance vis-à-vis de l’euro entre 2006 et 2012. L’opposition à l’euro stagne entre 31 % et 34 % des opinions des interrogés entre 2006 et 2009, puis elle s’accroît jusqu’à aujourd’hui pour atteindre 40 % à l’automne 2011 ainsi qu’au printemps 2012 pour cette dernière vague de l’eurobaromètre. Les perspectives des Européens pour l’avenir de l’Union européenne relativisent l’éventualité d’une montée de l’euroscepticisme, comme le résume le graphique ci-dessous : 63 % des interrogés pensent que l’UE dispose de suffisamment de pouvoir et d’outils pour défendre les intérêts de l’Union au sein de l’économie mondiale. Suite à la crise, 42 % des Européens déclarent se sentir plus proches des autres citoyens de l’Union européenne, et 53 % estiment que l’UE sera plus forte au sortir de cette épreuve. Enfin, une forte majorité d’entre eux (83 %) estiment qu’à l’avenir, suite à la crise, les pays de l’UE devront travailler plus étroitement ensemble. En somme, sans minorer les critiques qui fusent contre la monnaie unique et le maintien d’un euroscepticisme qui n’est pas à négliger, force est de constater qu’une frange certaine de nos concitoyens européens restent confiants dans le projet et dans la capacité de l’Union européenne à rebondir face à la crise que nous traversons.

Tous les graphiques proviennent de la vague Eurobaromètre standard 77.

La Fondation pour l’innovation politique publie chaque année l’ouvrage l’Opinion européenne. Retrouvez, l’Opinion européenne en 2012 en librairie.

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