
Le clivage qu'on croyait mort
Robin Rivaton | 03 février 2014
Atlantico : Selon une enquête Ifop pour Atlantico publiée lundi 27 janvier, 52% des Français considèrent que les charges sont un « facteur déterminant » dans les difficultés de compétitivité que connaissent les entreprises françaises. C’est 8 points de plus qu’en novembre 2012, après l’annonce du CICE. Quel regard portez-vous sur cette évolution ? Les Français sont-ils en train de changer leur regard sur les entreprises ?
Jérôme Fourquet : Si on part de l’enquête précédente, cette analyse est intéressante parce qu’elle pose la question de la compétitivité/prix et du coût du travail. Cela avait été un thème de la dernière campagne présidentielle. La droite en avait fait l’un de ses chevaux de bataille tandis que la gauche estimait que ce n’était pas l’unique facteur à prendre en compte. En novembre 2012, lors de l’annonce du CICE, après la remise du rapport Gallois qui pointait ce problème de compétitivité/prix, il y avait une quasi parité entre ceux qui considéraient que c’est un facteur déterminant (44%) et ceux qui estimaient qu’il est important mais pas essentiel (49%). L’opinion était relativement partagée.
Un an et demi après, François Hollande a franchi une nouvelle étape dans cette politique de l’offre en assurant qu’il fallait absolument baisser le coût du travail. Le 31 décembre et le 14 janvier, il a ainsi annoncé le pacte de responsabilité. L’opinion a évolué et aujourd’hui, les Français qui estiment que le coût du travail est un élément essentiel et qu’il plombe la compétitivité des entreprises sont désormais majoritaires (52%). C’est la nouvelle ligne défendue par François Hollande, une ligne pourtant assez à rebours de ce que la gauche défendait durant la campagne. La question est donc de savoir qui est arrivé en premier, la poule ou l’oeuf ? Est-ce François Hollande qui a suivi l’évolution de l’opinion publique ou les Français qui ont suivi l’évolution de François Hollande ?
Robin Rivaton : Les Français ont complétement changé de regard vis-à-vis des entreprises et plus largement de toutes les composantes du capitalisme (accumulation des richesses, dynamisme entrepreneurial, innovation technologique, mondialisation des échanges). Ce n’est pas pour rien que Xavier Niel est le patron préféré des Français.
Conscients de cette incapacité de l’Etat à répondre à leurs exigences, les Français placent à l’inverse une confiance grandissante dans les entreprises privées. Nos concitoyens ont parfaitement conscience que la clé de sortie de crise se trouve dans les entreprises et qu’une base productive forte ne peut se développer avec un niveau de taxation prohibitif.
Déjà en 2012, dans un sondage portant sur les éléments qui expliquent la moindre compétitivité de la France, le niveau des charges sociales qui pèsent sur les entreprises arrivait en première position pour plus d’un Français sur deux. Les prestations sociales représentaient presque la moitié des dépenses des administrations publiques en 2012. Leur coût croissant pénalise fortement les entreprises sur lesquelles elles reposent et, au final, affaiblit la base productive du pays.
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