Les Républicains se cherchent un chef et des idées

Laurent de Boissieu | 02 septembre 2022

Les Républicains, qui font ce week-end leur rentrée politique, devront désigner leur nouveau président début décembre. Dans un contexte d’affaiblissement, avec moins d’adhérents, de voix aux élections et d’élus, la question de la ligne continue à susciter des débats internes.

Les Républicains, qui effectuent leur rentrée politique samedi et dimanche à Angers, se préparent à élire en décembre un nouveau président. Si les candidats ont jusqu’en octobre pour se déclarer et déposer les parrainages requis (485 adhérents et dix parlementaires), ce choix est l’occasion pour le parti de s’interroger sur sa ligne.

Le rapport au centre ou à l’extrême droite dessine une première ligne de fracture. Candidat déclaré à la présidence du parti, le maire d’Orléans Serge Grouard plaide en faveur d’un « accord de gouvernement » avec le centre. Le calcul de cet ancien député est simple : sans majorité absolue à l’Assemblée nationale, les macronistes ont besoin de la droite pour légiférer. « Nous demeurons la clé de voûte du système, plaide-t-il. Avec nos soixante-deux députés et avec notre majorité au Sénat, rien ne peut se faire sans nous, mais tout peut se faire avec nous. »

L’idée d’un rapprochement avec Emmanuel Macron reste néanmoins ultraminoritaire à la base de LR. Autre candidat déclaré, le député Éric Ciotti a repris à son compte des marqueurs idéologiques lepénistes, comme l’abrogation du droit du sol au profit du seul droit du sang ou l’instauration d’une préférence nationale et européenne, sans toutefois plaider en faveur d’un rapprochement électoral avec Marine Le Pen.

Quant aux électeurs, une récente étude de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) a révélé comment ils se positionnent devant ce potentiel « dilemme ». Une minorité (20 %) envisage une union avec le RN. En revanche, entre 39-40 % souhaitent une alliance avec Renaissance (ex-LREM), et autant veulent que la droite reste indépendante.

À l’inverse, LR est très courtisé, par 77 % des électeurs de la majorité présidentielle et par 55 % de ceux du RN. « Une Nupes de droite serait pour nous la prémisse d’une mort assurée, écarte pourtant un élu. Nous en avons la démonstration avec ce qu’il est advenu du PS dans la Nupes de gauche : un canard sans tête et sans âme, un parti croupion devenu godillot de La France insoumise pour sauver quelques élus. »

Le positionnement d’Éric Ciotti sur les questions régaliennes lui a déjà permis de créer la surprise, lors de la primaire présidentielle gagnée par Valérie Pécresse : il a réuni sous son nom 25,6 % des voix des adhérents au premier tour puis 39 % au second. Mais plusieurs ténors redoutent que LR s’enferme sur quelques thématiques.

Aurélien Pradié, actuellement secrétaire général, insiste, lui, sur « les grandes causes du handicap, de la santé, de la protection des femmes ou des enfants victimes de violences et de la lutte contre la pauvreté ». Même préoccupation pour Michel Barnier, soucieux de ne pas laisser à la gauche le monopole de l’écologie.

Empêchée de concourir faute d’être à jour de sa cotisation, l’ancienne juppéiste Virginie Calmels souhaitait être candidate afin d’éviter à LR de « se recroqueviller » et de « se limiter à des thèmes identitaires qui, bien que fondamentaux, ne sont pas exclusifs » : « Une ligne claire de droite sans tabou et sans complexe, qui marche sur ses deux jambes – l’économie et le régalien –, sans privilégier l’un au détriment de l’autre », résume-t-elle. Ce n’est toutefois pas sur le libéralisme économique que la droite pourra se démarquer du centre.

Il en va autrement d’un conservatisme sur les questions sociétales, miroir du « progressisme » revendiqué par Emmanuel Macron. Une famille idéologique à laquelle se rattachent Laurent Wauquiez, qui se réserve pour l’élection présidentielle de 2027, François-Xavier Bellamy et Bruno Retailleau, dont la candidature à la présidence de LR pourrait constituer l’événement du campus de rentrée des jeunes LR.

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