« Made in France » : la relocalisation au secours du climat
Clara Galtier | 09 novembre 2021
Les enjeux environnementaux et de souveraineté économique sont étroitement liés.
C’est un vrai défi que s’est lancé le groupe français de textile Velcorex: rapatrier une partie de sa production. Une gageure pour cette entreprise alsacienne, dans un secteur fortement marqué par la désindustrialisation depuis des décennies: 95 % du textile consommé en France est importé (à 80 % d’Asie). Mais le jeu en vaut la chandelle. 1 % de consommation textile réorientée au profit d’une production relocalisée dans l’Hexagone « diminue de 140.000 tonnes les émissions de CO2, crée 4.400 emplois et 5.500 tonnes de production “made in France” », met-on en avant chez Lita, la plateforme de financement participatif éthique via laquelle Velcorex procède actuellement à une nouvelle levée de fonds.
Vulnérabilité dans le domaine industriel
Produire en Chine ou en Inde peut émettre en effet jusqu’à dix fois plus de gaz à effet de serre qu’en France. Non seulement les pays asiatiques à bas coût de production consomment principalement des énergies fossiles, à commencer par le charbon, mais il faut y ajouter les émissions de CO2 liées au transport. Et ce alors que leurs coûts sont à la hausse, soulignent Emmanuel Combe et Sarah Guillou dans le rapport. « Souveraineté économique : entre ambitions et réalités » de la Fondation pour l’innovation politique paru en janvier 2021. Aujourd’hui, la souveraineté nationale et la lutte contre le changement climatique apparaissent donc comme deux impérieuses nécessités étroitement liées, la crise du Covid-19 ayant cruellement souligné la dépendance et la vulnérabilité de la France dans le domaine industriel.
Peu étonnant dès lors que 92 % de la population française soit favorable aux relocalisations, selon un sondage Odexa d’avril 2021. Le gouvernement s’efforce d’ailleurs d’inciter au « made in France » en ciblant cinq secteurs stratégiques (santé, agroalimentaire, électronique, intrants essentiels: chimie, matières premières… et 5G) à travers une enveloppe financière de 850 millions d’euros. 58 nouveaux projets de relocalisation, en majorité des PME, viennent d’être sélectionnés par l’État pour bénéficier de ces aides. Depuis le 31 août, ce sont au total 624 projets qui ont ainsi perçu 3,7 milliards d’euros d’investissements.
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Emmanuel Combe et Sarah Guillou, Souveraineté économique : entre ambitions et réalités, (Fondation pour l’innovation politique, janvier 2021).
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