Présidentielle 2022 : mais au fait, c’est quoi la ligne Xavier Bertrand ?

Alexandre Sulzer, Quentin Laurent | 15 octobre 2020

Le patron des Hauts-de-France est devenu le virtuel favori pour être candidat de la droite en 2022, mais un flou persiste sur sa vision politique. Lui revendique une forme de pragmatisme. Trop court ?

Xavier Bertrand va ouvrir une nouvelle antenne dans l’Essonne de la « Manufacture », son think tank chargé de concocter un programme présidentiel.  Ce jeudi, Xavier Bertrand ouvrira virtuellement, Covid-19 oblige, une nouvelle antenne dans l’Essonne de la « Manufacture », son think tank chargé de concocter un programme présidentiel. De cette boîte à idées, le patron des Hauts-de-France a déjà tiré plusieurs propositions qu’il a rendues publiques, notamment le mandat présidentiel de six ans, non-renouvelable, le chèque-carburant pour les salariés modestes ou la prime à 1000 euros. Des idées concrètes, facilement compréhensibles, comme le prétendant à l’Elysée les affectionne.

« Le mec le plus opposé à Macron, c’est lui. Il vient du peuple, les gens le savent. D’ailleurs, il vit toujours à Saint-Quentin. Sa promesse, c’est être un candidat qui s’occupe des Français », détaille l’un de ses stratèges. Le président de région, élu avec l’appui de la gauche en 2015 face au FN, veut « rassembler le plus largement les classes populaires », détaille son lieutenant Julien Dive, rappelant qu’en 2009, c’est lui, alors secrétaire général de l’UMP, qui avait fait apposer le slogan « le mouvement populaire » sous le logo UMP. « Il représente une droite sociale, avec une ligne moins conservatrice et libérale que d’autres à LR. Mais le sujet, c’est  de savoir ce qu’il a accompli dans les Hauts-de-France. Sa patte, c’est celle de quelqu’un qui connaît les problématiques de terrain », souligne le député (LR) du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont.

Mais de là à parler d’un programme présidentiel, il y a loin de la coupe aux lèvres. « Il a choisi le concret, mais ça ne donne pas une vision », observe le député Julien Aubert. Le bertrandisme serait-il avant tout un pragmatisme ? L’ancien ministre sous Jacques Chirac, comme sous Nicolas Sarkozy, s’est longtemps défini comme « gaulliste social ». Une étiquette surannée à droite, aux contours flous. Comme son mentor Philippe Séguin, il a voté contre le traité de Maastricht en 1992… mais en faveur du traité constitutionnel européen en 2005. « Il va devoir clarifier où il place le curseur sur le souverainisme et l’identité. Affiner sa vision intellectuelle fait partie de ses défis », reconnaît une proche.

« Pas de digression philosophique, des mesures simples ! »

Mais l’artiste ne semble pas pressé d’achever le tableau. Par touches impressionnistes, il livre ses propositions sur le travail, le mariage économie-écologie, le régalien… « Beaucoup de choses en disent long sur ce que j’ai en tête », souffle-t-il. Pour l’heure, ses pinceaux vont dans deux directions principales : « la réconciliation des Français entre eux » et le fait de « remettre les catégories populaires au cœur de la politique ». Parmi ses dernières lectures : « Le temps des gens ordinaires » du géographe Christophe Guilluy et « La tête, la main et le cœur » du Britannique David Goodhart qui prône une meilleure rétribution des emplois peu qualifiés.

S’il a conscience qu’« être l’anti-Macron ne suffit pas à faire un projet », il assure qu’« un positionnement, ce n’est pas ça qui est intéressant ». « Pas de digression philosophique, des mesures simples ! », assume-t-il. Bref, un créneau « zéro blabla » qui ne va pas le pousser à théoriser sa vision dans un livre programme. Lui souhaite s’en tenir à « quelques priorités », précise celui qui lit les productions de think tanks aussi variés que Terra Nova (gauche), Fondation pour l’innovation politique (droite), Institut Montaigne (libéral) ou le Printemps républicain. Ou en discutant avec des experts aussi variés que l’ancien secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly ou l’ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy Raymond Soubie.

« Je suis une grosse éponge », a-t-il coutume de répéter à ses collaborateurs. « Je crois mesurer plus que d’autres la distance entre les Français et la politique », prétend-il, tout en résumant ce qu’il croit être l’attente des citoyens : « Si la politique s’intéresse à moi, je m’intéresse à la politique. » Ce qu’il tente de démontrer par ses actions dans les Hauts-de-France. Tout le monde est loin d’être convaincu. Le 23 septembre, lors d’une cérémonie à l’Assemblée nationale, il a glissé à Richard Ferrand, au sujet d’Emmanuel Macron : « Votre ami, il a peut-être de l’intelligence mais il n’a pas beaucoup d’expérience. » « Vous êtes la preuve que l’expérience ne remplace pas l’intelligence », s’est-il entendu répondre.

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