Dominique Reynié chez Jean-Jacques Bourdin : «Il y a une France à droite qui reste protestataire»

Dominique Reynié, Jean-Jacques Bourdin | 30 août 2022

Selon une étude, la France serait de plus en plus à droite : Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique, Fondapol était l’invité de Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio le mardi 30 août dans "Parlons Vrai chez Bourdin".

« Parlons Vrai chez Bourdin », l’actualité du jour commentée et débattue par Jean-Jacques Bourdin et ses invités. Selon une étude de Fondapol, la France serait de plus en plus à droite. Dominique Reynié a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

« Parlons Vrai chez Bourdin » : « Le vote contestataire représente 55,6% », estime Dominique Reynié

Une étude réalisée par Fondapol pour Le Figaro note une certaine droitisation de l’électorat français en général et de l’électorat d’Emmanuel Macron en particulier. Selon l’enquête, « 47% des électeurs d’Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle de 2022 se situent eux-mêmes à droite ». Une part encore plus importante dès lors que l’on interroge ceux qui se situent au centre ou ne se situent pas. « Je fais émerger, chez une partie d’entre eux, une culture de droite », souligne Dominique Reynié, président de la fondation. Soit, un total de 63% des électeurs du président de la République qui seraient à droite, « les deux tiers ». 

Si on y ajoute l’ensemble des candidats classés à droite, ce camp politique représente à lui seul « 58% » des électeurs, insiste le politologue. Pendant que la France se droitise, la colère monte, à l’image du vote pour des candidats protestataires. « Ils représentent 55,6% des suffrages exprimés », explique Dominique Reynié pour qui, s’ils s’étaient réunis sous un même candidat, « il serait devenu président dès le premier tour ».

« Il y a une survalorisation médiatique de la NUPES »

Si l’électorat français semble plus à droite que jamais, le débat public se polarise autour de Jean-Luc Mélenchon et de la NUPES. « On a l’impression que c’est surtout à gauche que se trouve la France », note le président de Fondapol qui voit « une survalorisation médiatique » de la coalition parlementaire de gauche. Pourtant, la France silencieuse s’exprime de façon « très conventionnelle, sur la forme la plus invisible : l’abstention », poursuit Dominique Reynié.

Si les abstentionnistes ont été très nombreux lors des dernières élections présidentielles et législatives, « c’est proche du RN qu’ils sont le plus nombreux », détaille-t-il. « Le RN a encore plus d’électeurs que ce que l’étude laisse penser, en prenant en compte les abstentionnistes », prévient le politologue.

Une France des abstentionnistes ou du vote protestataire qui « ne va pas dans la rue, manifester ou faire des happening », note Dominique Reynié. Ce qui expliquerait « une forme d’injustice dans la représentation politique et médiatique ». Aux vues des débats sur la table depuis plusieurs semaines, « tout laisse à penser que la France est très à gauche, or, en réalité, c’est une France à droite, voire très à droite qui reste protestataire mais encore largement à l’intérieur des conventions de la démocratie électorale », corrige le président de Fondapol.

« Le RN et Marine Le Pen ne font plus peur sauf sur un point »

L’avenir des partis à droite est pourtant compromis, notamment pour Les Républicains, partagés entre la majorité présidentielle et le Rassemblement national, en force à l’Assemblée. « Ils peuvent survivre longtemps en étant de plus en plus minuscule », prévient le politologue qui rappelle que la droite parlementaire est dans l’opposition depuis « quinze ans »« LR ne peut pas rester très longtemps sans solution », estime l’ancien candidat aux élections régionales en Occitanie. S’ils refusent l’alliance avec une majorité présidentielle en mutation, puisque Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter en 2027, « ils devront choisir le RN ou accepter de vivoter aux marges »« S’ils choisissent le RN, ils seront sous leur domination, comme le Parti socialiste avec la France insoumise », estime Dominique Reynié.

Du côté du Rassemblement national, il reste un défi à relever après être passé de 17% au premier tour en 2012 à 42% au second tour en 2022. « Le RN et Marine Le Pen ne font plus peur sauf sur un point : l’euro », explique le président de Fondapol. « Tant qu’ils auront l’air de menacer l’euro, ils ne pourront pas gagner. À l’inverse, en défendant l’euro, ce serait un renoncement important », prévient-il.

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