«Immigration: l’État n’est pas une ONG»

Vincent Trémolet de Villers | 09 juin 2023

Marginaux dans les parcs, vagabonds dans les rues, tentes de fortune posées sur les places, SDF (le plus souvent immigrés clandestins) installés à la diable dans les villages de campagne: la France se rêve en terre d’accueil, mais elle n’en a plus les moyens. En matière migratoire, elle ne maîtrise plus rien. On peut passer des heures dans le labyrinthe de règles, de jurisprudences, d’exceptions du droit d’asile européen, cela ne dissipera pas une évidence obsédante: pourquoi des personnes censées être accueillies pour éviter d’être persécutées dans leur pays en viennent-elles à agresser aveuglément ceux qui les protègent?

La vérité est que l’extension du domaine du droit d’asile prend de telles proportions qu’il ressemble de plus en plus à un droit opposable à s’installer chez nous.

Recueillir le naufragé, le démuni, cette vieille et belle idée occidentale est devenue folle. En 2015, en pleine crise des réfugiés, déjà Hubert Védrine lançait l’alerte: «Si le droit d’asile est utilisé à tort et à travers pour faire entrer indistinctement tous les gens qui le demandent, il ne survivra pas. Pour le préserver, il faut le resanctuariser.» C’était il y a huit ans, et depuis rien n’a changé. Ce que l’on a sanctuarisé, c’est notre impuissance habillée de morale, d’ouverture et de générosité. Nous contemplons notre grandeur d’âme sans voir les effets de plus en plus tragiques de cet aveuglement narcissique. Une partie de l’élite est plus préoccupée par la surveillance de la parole sur les plateaux de télévision que par celle de nos frontières et de nos rues. Elle cherche la trace des idéologies funestes dans une revendication aussi vieille que la politique: le rôle de l’État est de protéger un territoire et ceux qui y vivent. «L’État n’est pas une ONG», dit fort justement Dominique Reynié, qui accomplit un travail salutaire pour rendre sereinement à la question migratoire la place centrale qu’elle devrait occuper dans le débat public. L’opinion dans son immense majorité attend des solutions concrètes, énergiques et efficaces. Sur l’immigration, elle ne veut plus ni provocations, ni gesticulations, ni sermons.

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