"Je ne crois pas que les électeurs aient envie de prendre le risque d’un changement"

Jean Noté | 23 mai 2020

Dominique Reynié, politologue, analyse le prochain scrutin.

Estimez-vous que le dimanche 28 juin soit une bonne date pour le second tour de scrutin municipal ?

Comme beaucoup de décisions prises en ce moment, elles ne comprennent qu’une partie recevable, l’autre partie reste problématique. Je crois qu’il n’existe pas de solution idéale.

Ne pas voter au mois de juin, c’était aller vers de nouvelles élections à deux tours, dans un moment qui n’est pas facile d’anticiper. Les hypothèses d’un vote en septembre 2020 ou au mois de janvier 2021 ont également été avancées. Si l’une des deux avait été retenue, on aurait pu créer une situation dans la limite du supportable sur un plan constitutionnel, au niveau de la gestion des municipalités et des intercommunalités.

Mais, malgré ce, il peut y avoir un problème autour de la date du dimanche 28 juin.

À quel risque pensez-vous précisément ?

Il va falloir veiller à ce que le contexte ne soit pas de nature à décourager les électeurs les plus fragiles à se rendre aux urnes. Ils sont ceux qui votent le plus.

Leur abstention a déjà été une grande caractéristique du premier tour le dimanche 15 mars dernier. Je ne suis pas certain que les conditions sanitaires dissipent cette crainte pour le dimanche 28 juin.

Pensez-vous que ces semaines d’entre deux tours ont été favorables aux maires sortants, en première ligne face à la crise ?

D’une manière générale, les élections municipales sont favorables aux maires sortants. Cela devient de plus en plus le cas. D’autre part, nous vivons une situation historique où tout paraît être bouleversé. Nous vivons avec des menaces de changements profonds.

Les maires sortants restent donc une valeur refuge et une promesse de continuité. Surtout qu’ils conduisent pour la plupart une politique municipale de type consensuel.

Je ne crois pas que les électeurs aient envie de prendre le risque d’un changement alors que tout a été ébranlé ces derniers mois. Cela ferait beaucoup.

Quels partis pourraient tirer profit de ce second tour ? Les écologistes ne sont-ils pas en difficulté ?

Les partis qui vont tirer leurs épingles du jeu sont ceux qui sont en place, même si les candidats cachent leur étiquette.

En ce qui concerne les écologistes, les intentions de vote en leur faveur sont sensibles à la conjoncture. Il existait une conjoncture climat très forte au mois de mars, poussée par un important battage médiatique. Ce n’est plus forcément le cas aujourd’hui. Nous rentrons dans la période qui est celle de la pandémie sociale avec un chômage important. Aujourd’hui, il faut créer de la richesse.

Ce second tour de scrutin peut-il être favorable aux partis populistes ?

Je ne crois pas à leur triomphe aux élections municipales. Ils ne se sont jamais distingués à l’échelle locale. Et, la situation ne leur est pas favorable.

Les rumeurs enflent sur le départ du Premier ministre de Matignon. Qu’en pensez-vous ?

Pour sa santé personnelle, je lui conseillerai de retourner au Havre. Après les élections municipales, on va commencer un deuxième temps, un nouveau mandat pour le président Macron. Tout ce qui a été fait avant la crise est à terre, la réforme des retraites, le respect des équilibres budgétaires…

Édouard Philippe est très apprécié. Il fait bien son boulot avec une tonalité parfaite. Il y avait longtemps que l’on n’avait pas retrouvé un vrai couple exécutif. Un départ du Premier ministre de Matignon sous la forme d’un clash serait préjudiciable au président de la République.

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