L’éditorial du Figaro: «Militants bruyants et majorité silencieuse»
Vincent Trémolet de Villers | 29 août 2022
Pendant que des militants tentent de saturer l’espace médiatique de débats navrants sur la virilité du barbecue après avoir défendu la pertinence de la notion d’«homme enceint», une colère de moins en moins sourde traverse le corps social.
Cela fait une décennie que Dominique Reynié, le président de la Fondapol, nous alerte sur le gouffre qui sépare le commentariat des réalités éprouvées. L’étude qu’il a dirigée et que nous publions aujourd’hui confirme de façon saisissante ce constat. Une très large part de la population s’élève contre un certain nombre de dérives, mais nos représentants, qu’ils soient médiatiques ou politiques, continuent d’abandonner cette protestation au Rassemblement national. Laïcité, sécurité, bon sens sont laissés en jachère par des esprits trop occupés par la bêtise sophistiquée des luttes intersectionnelles. Ils ouvrent ainsi une autoroute à Marine Le Pen, dont ils dénonceront demain la facilité avec laquelle elle roule vers le pouvoir.
Prenons le thème aujourd’hui central de l’immigration. Il préoccupe fortement deux tiers des électeurs, au point qu’un Français sur deux y voit une menace existentielle. Gérald Darmanin, d’atermoiements en revirements, a décidé de se mettre au diapason de l’opinion commune, de dire enfin ce que tout le monde sait depuis longtemps: la surdélinquance étrangère est un fait statistique. Las, une partie des ministres et des députés lui reprochent, à bas bruit, sa transgression.
Le déni ne subsiste plus que dans des sphères étroites et protégées où la générosité du discours s’accompagne, le plus souvent, d’un digicode renforcé. Il serait temps pour Emmanuel Macron de tourner le dos à cette caste. Satisfaire la majorité silencieuse plutôt que ménager quelques-uns des anciens socialistes qui l’ont rejoint ne serait pas un mauvais calcul. C’est l’un des apports décisifs de l’étude que nous publions: si le chef de l’État doit se décider à gouverner à droite, ce n’est pas seulement parce que la composition de l’Assemblée l’exige, mais surtout parce que ceux qui l’ont élu le souhaitent.
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Dominique Reynié (dir.), Mutations politiques et majorité de gouvernement dans une France à droite, Fondation pour l’innovation politique, septembre 2022.
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