Les enjeux des législatives 2022 en Eure-et-Loir : la majorité présidentielle pour un grand chelem, la droite en mode reconquête
05 novembre 2021
Les législatives de juin 2022 qui se profilent commencent à porter les états majors politiques locaux à ébullition. En Eure-et-Loir, la majorité présidentielle d'Emmanuel Macron et les Républicains ont gros à jouer et à perdre, dans la course au leadership départemental au sein du Palais Bourbon.
Globalement hégémonique, au Palais Bourbon, depuis le redécoupage de l’Eure-et-Loir en quatre circonscriptions, en 1986, la droite départementale aborde peut-être l’échéance de juin 2022 comme un tournant de son histoire politique.
L’électorat se droitise mais la droite s’émiette
Un tournant sans doute davantage identitaire qu’électoral. Dans ce département où elle reste très ancrée, dans un contexte national où les thématiques qui lui sont associées s’imposent plus que jamais dans l’opinion, selon une récente étude du think tank libéral Fondapol, la droite semble à l’abri d’un séisme politique.
Mais pas forcément d’une réécriture de son identité et d’une recomposition de ses forces, progressivement phagocytées, depuis 2017, par une majorité LREM qui n’a cessé de s’élargir.
LREM « grignote » sur son flanc droit
Vainqueur « à la régulière », dans les urnes, lors des législatives de 2017, en remportant trois sièges sur quatre en Eure-et-Loir, la droite traditionnelle d’héritage gaulliste en a, depuis, perdu deux, par le jeu des alliances et de l’élargissement, sur son flanc droit, de la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron.
« La présidentielle de 2022, dernière chance de reconstruire LR ». Un cadre national de LR
Respectivement élus sous les bannières LR et UDI, en 2017, Laure de La Raudière (Nogent-le-Rotrou-Lucé) et Philippe Vigier (Châteaudun) ont l’un et l’autre rejoint l’un des groupes parlementaires satellites affiliés à la majorité LREM, à l’Assemblée nationale. Affaiblissant la représentation de leur camp, en Eure-et-Loir, sans pour autant faire l’apostasie de leur ADN politique, ancré à droite ou et/ou au centre droit.
Olivier Marleix, dernier des « Mohicans » LR à Dreux
Laure de La Raudière a intégré, à sa création, le groupe Agir ensemble, où siège également son successeur, depuis janvier, Luc Lamirault (Agir). Quant à Philippe Vigier, il a rejoint, en 2020, le groupe MoDem et démocrates apparentés.
Avec trois sièges sur quatre à défendre en Eure-et-Loir, la majorité présidentielle peut légitimement espérer, en cas de réélection d’Emmanuel Macron et de mécanique de vague LREM, conserver cette majorité départementale. Voire l’amplifier en partant à l’assaut de la circonscription de Dreux, la seule encore tenue par la droite traditionnelle, non alignée, et son chef de file, Olivier Marleix, patron départemental des Républicains.
À droite, on attend une dynamique
Côté LR, où des candidats seront investis dans toutes les circonscriptions, c’est sans doute l’enjeu du salut politique des républicains qui se dessine au bout du processus électoral de 2022.
L’un des cadres nationaux du mouvement nous soufflait, la semaine dernière, avoir conscience de jouer, lors de cette présidentielle de 2022, la « dernière chance » du parti de se recoudre un destin national.
Elargissement de la majorité, acte II ?
Pour cela, le mouvement, y compris localement, mise sur la dynamique autour du futur candidat, investi lors du congrès du 4 décembre, pour renverser l’actuel locataire de l’Élysée. Et se présenter aux législatives avec les meilleures perspectives de reconquête. Notamment en Eure-et-Loir.
En cas de déroute en avril, c’est sa survie que LR, confinée depuis 2017 dans un rôle d’opposant et de contempteur de la majorité présidentielle, défendra dans chaque circonscription du département. Avec des garanties modestes, même en cas de victoire, face aux périls d’une nouvelle campagne de désertion que précipiterait, en cas de statu quo à la tête de l’exécutif, l’inévitable « acte II » de l’élargissement de la majorité présidentielle.
Zemmour soutenu en Eure-et-Loir : ça se précise.
Une page Facebook (« L’Eure-et-Loir avec Éric Zemmour »), qui rassemble près de 800 abonnés et des épigones locaux, à l’image de l’ex-RN Éric Laqua, conseiller municipal d’opposition à Lucé, qui explique préparer le terrain, localement, en amont d’une possible candidature du polémiste à la magistrature suprême. « En Eure-et-Loir, ça va être énorme », affirme Éric Laqua, qui annonce le lancement imminent d’une fédération départementale pour accompagner et relayer, en Eure-et-Loir, la candidature d’Éric Zemmour à la présidentielle. Parmi les Euréliens séduits par le possible futur candidat, « des élus, des cadres, des notables, des gens de la droite traditionnelle, des jeunes » : l’élu lucéen, qui a rendu sa carte au RN après les élections départementales, évoque un spectre de profils plus large et plus représentatif, selon, que celui de ses anciens alliés politiques.
Lire l’article sur lechorepublicain.fr.
Dominique Reynié (dir.), 2022, le risque populiste en France (vague 5), (Fondation pour l’innovation politique, octobre 2021).
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