Première partie : Fin de l’état d’urgence sanitaire : la France qui gronde
Emmanuel Macron doit prononcer, ce soir à 20 heures, sa quatrième allocution télévisée depuis le début de la crise sanitaire.
Alors qu’un nouveau conseil de défense s’est tenu vendredi, l’Elysée devrait répondre à l’impatience de ceux qui trouvent que le déconfinement doit maintenant s’accélérer comme les restaurateurs ou les professionnels du cinéma ou des salles de spectacles. Se pose aussi la question du retour massif des élèves à l’école, à quelques semaines seulement des congés d’été et celle de la possible réouverture des frontières nationales à l’intérieur de l’espace Schengen.
Une intervention pour remercier les Français d’avoir contribué à maîtriser l’épidémie et les mobiliser pour la nouvelle priorité : l’urgence économique, tandis que le pays enregistre déjà 800 000 chômeurs de plus. Une intervention présidentielle qui intervient dans un climat certes joyeux de liberté retrouvée, mais sans que la fameuse défiance française ne se soit dissipée, et comme si l’heure des comptes avait sonné, avec notamment deux commissions d’enquêtes lancées au Parlement, et une commission « indépendante » souhaitée par l’exécutif, sans oublier plusieurs dizaines de plaintes déposées devant la justice.
Une France qui gronde, et le mot « colère » dont il faudrait pouvoir compter combien de fois nous autres médias l’utilisons chaque semaine : la « colère » de ceux qui trouvaient le gouvernement trop laxiste au début de l’épidémie et la « colère » de ceux qui lui reprochent maintenant d’avoir appliqué à l’excès le principe de précaution, sans oublier d’autres colères, d’autres débats: pas assez puis trop de masques, pas assez d’argent injecté dans l’économie mais déjà trop pour des industries polluantes comme l’Automobile ou l’Aérien…
Dans ces conditions on comprend que l’exécutif cite à l’envi ces derniers jours cet article du prestigieux New York Times pour qui que je cite “La France s’en sort mieux que beaucoup face à cette pandémie, en particulier par rapport aux États-Unis, à l’Italie, à l’Espagne et plus encore à la Grande-Bretagne, Ne le dites surtout pas aux Français, qui en veulent à Macron plus que jamais », rappelle le journaliste américain, alors même poursuit l’article que l’exécutif a “empêché des licenciements massifs, soutenu les salaires, évité une pénurie alimentaire et atteint un taux de mortalité inférieur aux pays voisins, exceptée l’Allemagne”.
Mais ces louanges de la presse américaine ne suffiront pas à calmer d’autres colères qui montent sur le thème cette fois du « racisme et de la violence » de la police française. Laquelle police -du moins certains de ses représentants- est en colère contre un gouvernement accusé d’avoir cédé un peu trop vite à l’émotion, en prenant des mesures pour interdire certaines pratiques d’interpellation.
Bref, à la veille de l’été, la France gronde et les colères françaises se ramassent à la pelle…
.@DominiqueReynie « Je ne reconnais pas cet état du racisme en France. Il y a un problème d’inégalités, qui concerne les habitants des quartiers défavorisés et ceux de la France périphérique en général. Le problème c’est la racialisation de cette question sociale » #LEspritPublic
— France Culture (@franceculture) June 14, 2020
.@DominiqueReynie « L’affaire Floyd et l’affaire Traoré n’ont rien à voir. Tout le monde a pu voir les images pour Floyd, l’affaire Traoré est une affaire de délinquance qui a mal tourné, avec des policiers qui ne sont pas mis en cause pour racisme » #LEspritPublic
— France Culture (@franceculture) June 14, 2020
.@DominiqueReynie « On est en 🇫🇷 devant un immense chantier économique et social. Tout un pan de l’économie est durement frappé. Il y a un défi collectif à relever, car dans beaucoup de secteurs la crise va avoir des effets très graves » #LEspritPublic
— France Culture (@franceculture) June 14, 2020
Deuxième partie : USA : Joe Biden porté par l’affaire Floyd ?
A-t-elle été un tournant de la campagne ? cette scène où l’on voit le président Trump, sur les conseils de sa fille Ivanka, ordonner l’évacuation manu militari de ces manifestants mobilisés contre la violence policière et le racisme en face de la Maison Blanche, puis, une fois la place nettoyée avec une grande brutalité, Trump entrant dans une église, brandissant une Bible, image caricaturale de l’homme blanc garant du bon ordre traditionnel, victorieux des ennemis de l’Amérique.
Sauf que le plan comm’ a manqué sa cible, les militaires n’ont pas apprécié qu’on les sollicite pour une telle mission, et plusieurs personnalités de droite comme l’ex général des Marines James Mattis, ex secrétaire à la Défense, l’ancien président Georges W Bush, l’ancien général et secrétaire d’Etat Colin Powell, l’ex candidat Mitt Romney, ont annoncé qu’ils voteraient désormais Jo Biden.
Joe Biden, ce Sleepy Biden, que Trump caricaturait si facilement ces derniers temps en candidat endormi, a peut-être trouvé dans la tragédie Floyd le moyen inespéré de faire bouger une Amérique qui semblait pour toujours figée en 2 entre Pro et Anti Trump : Biden a désormais dans les sondages une longueur d’avance !
Sauf qu’il reste 5 mois, et un adversaire redoutable qui a le don de renverser les situations et excelle dans les rapports de force. 5 mois et l’inconnu d’un virus toujours actif aux Etats-Unis et d’une crise économique, deux éléments qui pèseront eux aussi dans la balance d’un match dont personne n’ose pronostiquer l’issue.
.@DominiqueReynie « On voit les limites de la disruption populiste aux USA et au Brésil,il y a un moment où cette posture politique place en incapacité de tenir le rôle de président. Trump échoue à pacifier, au contraire,mais rien nous dit qu’il sera battu en effet » #LEspritPublic
— France Culture (@franceculture) June 14, 2020
.@DominiqueReynie « Biden est en avance s/Trump dans l’électorat noir &féminin en particulier,ms il n’est pas l’artisan de l’amélioration de sa position,c’est le contexte qui lui est favorable. Je ne vois rien qui vienne de son initiative, ce qui est une fragilité » #LEspritPublic
— France Culture (@franceculture) June 14, 2020
Coronavirus, une Conversation Mondiale – Emmanuel Laurentin
Emmanuel Laurentin vient présenter des morceaux choisis de la « Conversation mondiale » qu’il fait vivre en ce moment avec son équipe du Temps du Débat : des intellectuels de tous les continents leur envoient leurs réflexions sur la période historique que nous vivons. Il nous parle aujourd’hui de deux textes, l’un de la philosophe, écrivaine et militante Marcia Tiburi selon laquelle « Le Brésil sombre dans la peur et la mort », ainsi qu’un texte écrit par l’historienne américiane Nina Kushner : « Ce qui est spécifiquement américain, c’est l’attaque organisée et politique de la science ».
Retrouvez l’émission dans son intégralité sur franceculture.fr
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